La couleur des choses

Simon est un ado un peu mal dans sa peau. Il est en surpoids et n’a pas vraiment d’amis. Certains jeunes de son quartier le harcèlent, ses parents se disputent à cause des dettes de jeu de son père… Bref, ce n’est pas la joie.

Son destin va basculer le jour où une voyante lui donne le résultat gagnant d’une grande course de chevaux. Simon décide de prendre les économies de son père pour enregistrer un pari. Et il gagne, 16 millions de livres ! Mais ce qui aurait dû changer en bien sa vie et celle de ses proches se transforme en cauchemar…

Par legoffe, le 8 février 2023

Publicité

Notre avis sur La couleur des choses

Il a obtenu le Fauve d’Or du meilleur album à Angoulême la semaine dernière. Il fait beaucoup parler de lui pour son concept graphique particulièrement original et déroutant. Restait à se faire sa propre opinion sur cet ovni signé du Suisse Martin Panchaud.

Il est là, l’objet de toutes les curiosités. Epais, il a le format d’un roman et une couverture bleu ciel toilée agrémentée de quelques idéogrammes. Moderne pour les un, rétro pour les autres, elle annonce la couleur. La simplicité et les symboles sont la marque de cette bande dessinée étonnante. Martin Panchaud crée ici son propre langage graphique, avec des dessins généralement vectoriels qu’on imaginerait tout droit sortis d’un jeu vidéo basique ou d’un GPS.

Ainsi, toutes les scènes sont vues « du ciel » et les personnages sont de simples ronds de couleurs que l’on différencie grâce à la couleur ou à des signes.
Les cases sont réparties de façon différente d’une page à l’autre, laissant des espaces blancs pour, notamment, dévoiler les dialogues des personnages.
Ce n’est pas beau, mais c’est « design » !

Pour qui ne ferait que feuilleter le livre, ce concept graphique pourrait rebuter. Mais ce serait oublier que l’auteur a écrit une passionnante histoire, qui penche entre drame familial, comédie et polar. Ce serait aussi, omettre l’incroyable capacité de notre cerveau à faire travailler notre imagination.

En effet, contre toute attente, on est vite happé par le récit. Le temps d’adaptation est assez rapide et le principe est des plus ludiques. Surtout, on se surprend à reconstituer dans notre tête l’univers de Simon, comme si nous étions capables de compenser la simplicité des symboles par une véritable réalité augmentée « intracérébrale ». C’est bluffant.

Il faut dire que l’auteur ne s’est pas amusé à réaliser une BD conceptuelle. Il n’a pas négligé le scénario, un drame non dénué d’humour qui nous plonge dans la vie quotidienne. L’album nous parle de la difficulté d’être un adolescent, en proie à ses tourments, à ses questions sur son apparence, sur la vie, sur les rêves. Comme beaucoup, il imagine que gagner beaucoup d’argent peut faire de son destin un paradis. On découvrira que ça n’est pas toujours vrai !
C’est aussi l’occasion d’aborder d’autres questions comme la violence conjugale, les secrets de famille, la société individualiste…

Ce livre n’est donc pas seulement un ouvrage innovant qui marquera l’histoire de la bande dessinée. C’est aussi une aventures touchante qui parlera au plus grand nombre. Ça n’est pas le moindre des exploits au regard du langage graphique déroutant proposé par Martin Panchaud. Une expérience que je vous conseille de vivre !

Par Legoffe, le 8 février 2023

Publicité