La cuisine des ogres
Trois-fois-morte

Après s’être enfuie de chez elle, la petite Blanchette rejoint une bande d’enfants des rues, mais une nuit, Grince-Matin, le croque-mitaine vient les enlever pour les revendre au Marché des Enfants, là ou les ogres viennent chercher les ingrédients de leur futurs plats. Rapidement, la fillette découvre qu’elle fait partie du lot acheté par Beauregret, le fameux cuisinier, qui l’emporte, avec ses compagnons, pour les rajouter aux différents plats qui font sa grande réputation. Mais Blanchette réussit à s’échapper, pour trouver refuge parmi ceux qui habitent près du lac à vaisselle. Cependant, elle n’a pas dit son dernier mot. Désormais affublée du sobriquet de Trois-fois-morte, la gamine compte bien sauver les quelques amis qui ne sont pas encore morts…

Par fredgri, le 8 mars 2024

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Notre avis sur La cuisine des ogres #1 – Trois-fois-morte

Au milieu de la production actuelle, il y a régulièrement des albums qui se distinguent, à la personnalité très marquée, quelque peu atypique. La cuisine des ogres – Trois-fois-morte est de ceux qui interpellent dès la couverture. Fabien Vehlmann, Jean-Baptiste Andraea, deux noms qui inspirent confiance, que l’on a envie de suivre sans se poser de question, déjà convaincu de passer un bon moment.

Et, en effet, on est tout de suite éblouie, à la fois par la performance graphique, mais aussi par cet univers qui se déploie devant nous, extrêmement riche et captivant. On rencontre la petite Blanchette, un peu paumée et maladroite sur les bords, qui, malgré sa silhouette plutôt frêle, ne s’en laisse pas découdre par ces dangers qui se dressent devant elle. Elle se faufile, se dissimule, elle observe aussi, beaucoup, pour ensuite pouvoir s’en sortir. On sent pointer derrière la fillette le spectre de la maltraitance infantile, voir même d’un cauchemar bien plus sordide qui l’a poussé à fuir, à se reconstruire, à changer de nom…

Fabien Vehlmann nous offre donc une histoire d’ogres pas comme les autres. Certes, il est toujours question de petits enfants qui se font capturer, qu’on engraisse ensuite pour les préparer en sauce, pour les hacher menu, pour les rajouter dans un ragout de licorne ou de griffon… Toutefois, on a surtout droit au périple d’une enfant qui réussit à passer entre les mailles de ce monde sans pitié, à l’image d’un astucieux Petit Poucet qui transforme le drame qu’est sa vie en nouveau départ pour s’affirmer.
Car Blanchette est bien consciente que ses seules véritables forces sont bien plus son intelligence et sa débrouillardise, que ses maigres muscles, dans ce monde de géants qui dévorent les plus petits. En cela, on reste dans la grande tradition des contes qu’on nous lisait enfant, porteurs d’une morale essentielle, celle qui nous enseigne que face à l’adversité, il ne faut pas se nier et ne pas baisser les bras. Mais Vehlmann, en plus, ne tombe pas dans le discours bêtifiant. Le scénario est captivant, les diverses caractéristiques sont absolument savoureuses, avec de très bonnes idées de scènes, de dialogues…
On prend plaisir à se laisser entraîner dans cette aventure, impressionné aussi par la performance de Jean-Baptiste Andrae qui livre des planches absolument sublimes. Ces ambiances, ces décors, ce soin porté aux détails, cette finesse d’exécution qui fait tout le charme de ce fabuleux illustrateur, tout se retrouve dans ce très bel album qui se dévore des yeux avec admiration.

La cuisine des ogres, c’est vraiment l’excellente surprise du moment, la virtuosité des deux auteurs transcende chaque page, on plonge dans un univers de fantasy qui pourrait être davantage cauchemardesque, mais qui devient une aventure inoubliable.

Très vivement recommandé.

Par FredGri, le 8 mars 2024

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