La fabrique pornographique

Attention, ne vous imaginez pas qu’il s’agit ici d’une BD porno (même si on a droit à pas mal de scènes très explicites), car l’objectif de cet album n’est pas d’alimenter un quelconque fantasme, mais plutôt d’en décortiquer le processus, ou tout du moins de montrer l’envers du décor, en suivant un jeune acteur qui découvre le milieu du X.
Le ton est globalement assez détendu et décomplexé, petit à petit Lisa Mandel aborde tout les aspects du métier, qu’il s’agisse du côté purement physique, avec ces acteurs qui doivent se tordre dans tout les sens pour bien accrocher la lumière, qui doivent assurer leur performance dans n’importe quelle condition… Sur le plan plus matériel, avec des contrats précarisant, une reconnaissance quasi inexistante, aucune couverture sociale et le sentiment de n’être qu’une pièce interchangeable.

Toutefois, l’artiste évite aussi de tomber dans le piège du jugement. Il n’est ici nullement question de critiquer, ni de montrer du doigt, bien au contraire, on nous propose un témoignage qui tend à nous présenter les diverses réalités qui se cachent derrière ces films sous blister. Bien sur, on se rend aussi compte qu’on a ici qu’un aspect assez bon enfant de cette industrie qui recèle de choses bien plus glauques et extrêmes en coulisse. Toutefois, cela reste une lecture réellement captivante et instructive.

Cette nouvelle collection de Casterman commence donc très bien. On est dans une période, actuellement, ou les reportages BD ont le vent en poupe, et ces albums Sociorama nagent sur cette mouvance…
Malgré tout, je trouve que Lisa Mandel n’oublie pas pour autant qu’elle fait un album de bande dessinée, elle habille souvent son "propos" d’éléments anecdotiques qui viennent accompagner l’étude, de ce fait on a plutôt tendance à suivre les personnages et moins le propos dit "sociologique", ce qui est pas mal en fin de compte !

Un album qui pourra surprendre au premier abord, mais qui reste surtout un très bon document !

Par FredGri, le 22 février 2016