La face cachée d'une étoile mystérieuse

 
Après avoir fait l’acquisition (pour une bouchée de pain) d’un document hergéen original apparemment inédit, l’auteur Jean-Philippe Costes n’a pas su rester insensible, lorsqu’il est parvenu à le décoder, au message qui était imprimé dessus et qui, signé Rastapopoulos, mettait en garde le lecteur contre la vraie nature de Tintin. Vu le prix du document, son authenticité aurait dû laisser place au doute, mais lorsqu’il a reçu peu après son achat l’appel d’un collectionneur intéressé autant qu’insistant et lorsque, un peu plus tard, l’appartement en face du sien a été mis sens dessus dessous par des cambrioleurs, Jean-Philippe Costes s’est dit qu’il tenait peut-être là quand même un document qui valait son pesant de cacahuètes.

Ses interrogations sur l’authenticité de l’objet qu’il avait acquis sont passées au second plan pour laisser la place à une longue réflexion relative à la mise en garde de Rastapopoulos et c’est cette réflexion qui nous est proposée dans ce livre Tintin au pays du mal.

On dit parfois de Tintin qu’il est lisse et ce reproche fait notamment écho au fait qu’il est croqué par son dessinateur en seulement quelques traits maîtrisés. Mais si Tintin est dit lisse, c’est peut-être aussi qu’il est un peu "trop beau pour être honnête" et que son "manque d’aspérités" est en réalité une discrète et efficace arme pour cacher ce qu’on ne veut pas voir de lui, ou ce qu’on n’est pas prêt à apprendre de lui. Un camouflage, en quelque sorte…

Prenez chaque album des aventures de Tintin en commençant par le premier et vous verrez qu’avec un oeil nouveau pointeront un par un les défauts de celui qui, d’un dieu, tombera vite au grade de demi-dieu. Voire, plus bas. Dans cette démarche, vous serez accompagné(e) par l’auteur, "coach en logique", qui saura vous persuader, à coups d’exemples rusés et à votre plus grand effroi, qu’en effet, "votre" Tintin n’est en réalité pas celui que vous pensiez.

Tintin a beaucoup voyagé et de nombreux titres d’albums de ses aventures le rappellent. Dans cet ouvrage, Jean-Philippe Costes a inventé pour nous un nouveau pays : le "Pays du mal", un territoire intellectuel dans lequel vous pourrez rentrer grâce à certains visas particuliers comme l’humour innocemment acerbe ou la mauvaise foi plaisamment calculée. Et c’est alors que prendra tout son sens le dicton qui dit que qui aime bien châtie bien. Et que vous comprendrez que l’auteur aime beaucoup son héros, modèle logiquement inimitable.
 

Par Sylvestre, le 13 mars 2022