La face cachée du Roi-Soleil

En l’an de grâce 1686, tandis que son père tient la boucherie familiale, Geoffroy fait office de barbier et cherche la clientèle. Un jour, alors qu’il fait une course pour son père, il sauve de la noyade l’intendant général du roi Louis le quatorzième sous les yeux de la pétulante Violette. Emprisonné par suite des protestations du médecin qui n’a pu ranimer le noyé, il finit par quitter sa prison pour se retrouver entre deux gens d’armes qui l’entraînent dans une bâtisse bourgeoise. Là, dans une antichambre, il y rencontre un homme en petite tenue qui se plaint d’encombrement gastrique. Il s’avère que la personne en question est le roi Louis. Son fondement sous la surveillance d’une troupe de médecins, le souverain parvient, face à Geoffroy, à soulager enfin ses intestins et appréciant l’esprit de celui-ci, lui offre l’occasion de devenir le disciple du chirurgien royal. Serait-ce en définitive l’occasion qui manquait au jeune barbier pour s’élever dans la société ?

Par phibes, le 7 février 2023

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Notre avis sur La face cachée du Roi-Soleil

Après son western féminin Molly West (2 tomes parus en 2022), Philippe Charlot entame l’année 2023 sur une note pour le moins légère qui met à l’honneur un pan caché de l’Histoire de France, celui ayant trait à Louis XIV et à son royal fondement. Pour le moins inspiré par ce sujet, ce scénariste féru d’Histoire se donne l’occasion de puiser des réalités dans les archives historiques (surtout celles concernant l’état de santé du monarque) et de la restituer au sein d’un récit ô combien odorant et savoureux.

C’est ainsi que nous faisons la connaissance de Geoffroy, un jeune barbier qui assiste son père à la boucherie familiale et qui est promis à une rencontre des plus hautes. A la faveur d’un caractère subtil et aussi d’une certaine naïveté, ce dernier fait son entrée dans le grand monde dont une partie aspire au bon soin de son prochain et l’autre concourt à la destitution du premier homme de France.

Sous le couvert des problèmes intestinaux de Louis et du chemin initiatique de Geoffroy, Philippe Charlot nous livre une comédie théâtrale des plus cocasses. Mettant le doigt là où ça peut faire mal, l’artiste tape adroitement sur le scabreux tout en faisant vibrer à grand renfort la fibre de la plaisanterie de haut niveau (ou bas, selon comment on se place !). Les dialogues demeurent délectables dans leur tournure pincée certes en rapport avec l’époque, reposant souvent sur des jeux de mots rigolos, sur des comiques de situation bien trouvés et surtout des vérités historiques volontairement décalées.

Pour la mise en images du parcours de Geoffroy, Eric Hübsch fait un remarquable boulot. Grâce à un semi-réalisme qu’il a appris à maîtriser depuis La saga du Chant d’Excalibur, l’artiste lâche ses adaptations des histoires pagnolesques pour se pencher cocassement sur les affres du Roi Soleil. Son dessin semble couler de source tant il est en adéquation avec les aspirations comiques de son scénariste. On appréciera sa galerie de portraits en commençant par Louis lui-même, grimacier comme un certain Louis le Funès, suivi par le beau Geoffroy et la belle Violette, tous deux bien attachants. Le tout fonctionne à merveille et fait mouche à chaque page !

Un récit aux effets pleinement divertissants qui est appelé à rester dans les « annales » de la comédie historique.

Par Phibes, le 7 février 2023

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