La Faille

La Faille, c’est l’histoire de Jeremy McPhee, un jeune étudiant plutôt doué qui pense que son visage est une erreur de dieu et qui décide de participer à une émission de téléréalité pour financer son opération de chirurgie esthétique. La Faille, c’est aussi l’histoire d’Helen Rosen qui présente la très populaire émission « Ton problème est le notre », et aussi de l’inspecteur Peter Greene spécialiser dans les explosifs et de sa femme. La Faille c’est l’histoire de toutes ces personnes dans un Londres actuel où les failles pullulent et fissurent la ville…

Par melville, le 4 octobre 2010

Notre avis sur La Faille

La Faille est un récit surprenant qui dévoile au fil des pages un ton beaucoup plus politisé qu’il n’y laissait paraître. Avec finesse et élégance Carlos Sampayo et Oscar Zárate porte un regard vif, critique, sur les dérives individualistes et marchandes de nos sociétés modernes. Mais bien loin de surfer sur un effet de mode aux fondements fragiles, les deux auteurs complices nous entrainent dans un récit riche aux accents de polar où règne un humour grinçant teinté d’absurde.

Carlos Sampayo construit son récit en mêlant les destins des personnages différents qui n’ont au départ semble t’il rien à voir en commun mais dont pourtant les chemins vont se croiser. La narration est fluide et astucieuse, et c’est non sans une certaine malice de la part de l’auteur que les différents protagonistes se font écho.
La mise en scène du propos repose sur la métaphore des failles qui envahissent Londres (et Londres seul, c’est un détail important de l’histoire) symbolisant la déliquescence d’une société en perdition. Les failles qui séparent, les failles qui fragilisent et abîment les hommes, produit d’un monde où le pouvoir de l’image et de la télévision qui les manipule, où le pouvoir du spectacle règne en maître. Pour asseoir leur regard critique, les auteurs ont fait le choix de se concentrer davantage sur deux personnages chacun à leur manière en marge de cette société mais tout en en étant malgré tout les victimes. D’un côté un fonctionnaire de police aux méthodes vieillissantes et de l’autre un jeune garçon brillant qui pense être suffisamment fort pour pouvoir se servir de cette industrie du sensationnel sans en subir les affres. Mais là où s’exprime tout le talent de Carlos Sampayo, c’est qu’il ne s’est pas arrêté à ces seuls personnages et a pris soin de les faire interagirent de manière plus ou moins directe avec tout un univers riche de détails et d’autres personnages.
Le récit est porté par un la voix off d’un narrateur que l’on pourrait identifier comme la fatalité exprimant son œuvre sinistre au rythme auquel le mal gangrène chaque jour un peu plus le bon sens de habitants de Londres, au rythme auquel chaque jour la ville se fissure un peu d’avantage.

Au dessin, Oscar Zárate nous offre avec son trait singulier entre le croquis et la peinture, un superbe travail d’équilibre et de justesse. Ses couleurs chatoyantes apportent un certain aspect « pop », une non-gravité à la tonalité du récit sans pour autant être dans la légèreté. Ses illustrations sont en parfait accord avec l’approche par l’humour et l’absurde de la critique sociale.

Issu de la complicité de très grands auteurs du neuvième art, La Faille est un récit riche et intelligent, une critique sociale et politique de notre monde d’aujourd’hui ancré directement dans son actualité. Un vrai coup de cœur, une lecture indispensable !

Par melville, le 4 octobre 2010

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