La femme insecte

Telle une mante religieuse qui se repaît des mâles dont elle a obtenu ce qu’elle voulait, Toshiko Tomura avance sans scrupules dans sa vie à coups d’usurpations, empruntant à ses victimes leurs talents et en tirant éhontément profit. Ainsi, la jeune femme aura été tour à tour une actrice adulée, une designer émérite ou encore une écrivain à succès. Et si tristesse, trahison et mort ont pavé les chemins qui l’ont menée à ces gloires, elle n’aura jamais fait de sentiments envers les hommes qui se sont laissés abusés par son machiavélisme triomphant…
 

Par sylvestre, le 1 décembre 2009

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Notre avis sur La femme insecte

On ne pourra pas passer à côté de toutes les expressions utilisées relatives aux insectes, au début de cette excellente bande dessinée, et on saluera donc au passage le travail de traduction qui, dans ces cas-là, n’est sans doute pas des plus évidents ! Intrigués par cette surabondance de clins d’œil à la personnalité animale (et pas des plus publicitaires !) attribuée à l’héroïne, on se demandera tôt quelle orientation prendra l’histoire, et c’est finalement une sorte de chronique de la vie d’une femme qui l’emportera sur toute tentation fantastique à laquelle aurait pu succomber l’auteur.

Si on ne s’attardera pas sur le style graphique du "dieu du manga" Osamu Tezuka puisqu’on n’en finirait pas d’en dire du bien (il se prête décidément aussi bien aux récits pour la jeunesse qu’à des histoires plus spécialement conçues pour des adultes), on pourra dire quelques mots de cette héroïne assez difficile à cerner, touchante par son côté jardin secret mais ô combien répugnante par ses manières de faire. Car il y a les résultats, mais il y a aussi la manière d’y parvenir. Et vous verrez que Toshiko Tomura a peut-être une calculatrice, peut-être une balance, mais pas un cœur, en tout cas, à la place du cœur !!!

Elle est donc par son rôle un personnage très intéressant. Mais celui à qui elle a (aussi) aspiré ses talents de designer ne le sera pas moins dans la mesure où, à sa manière, il fera de la résistance contre le venin de l’héroïne machiavéliquement ambitieuse.

En quatre parties toutes intitulées d’un nom d’insecte, le récit nous met dans un premier temps devant le fait accompli, nous révélant qui Toshiko Tomura a réussi à devenir. Et il nous dissèque ensuite les stratégies de la belle avant de nous montrer… qu’elles fonctionnent. Un sacré portrait que nous dresse là l’auteur ! Le portrait d’une vie de métamorphoses donnant une image assez négative, au final, de l’héroïne, mais voulant sans doute révéler les craintes enfouies des hommes apeurés par les pouvoirs des femmes qui s’en sortent.

Toshiko Tomura n’aura jamais, contre toute attente, été comparée à une araignée, mais qu’importe, je me laisse tenter par la comparaison facile en vous posant cette question : resterez-vous vous aussi prisonnier/ière de sa toile ? Une fiction captivante à dévorer au catalogue Sakka des éditions Casterman.
 

Par Sylvestre, le 1 décembre 2009

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