La fille de Rokubei

On commence la lecture par la légende de Yaomi, la fille du seigneur Rokubei qui commerce avec les démons. La jeune fille était si belle qu’elle attira l’attention du démon Nuggu qui demanda à son père de la lui céder sinon, il verrait le pays perdre sa prospérité et s’appauvrir. Désespéré, Rokubei décida d’engager les meilleurs guerriers, les mercenaires qui venaient de lointaines contrées pour s’occuper du démon avant l’échéance que ce dernier avait fixé, mais rien n’y fit… Il se tourna alors vers ses ennemis, les « Hommes derrière-le-Nord »…
Dans la seconde partie, nous découvrons le périples plein de rebondissements du démon Togoro qui enleva Okima, la jeune fille de sel, qui abrite des démons en elle. Poursuivis par de redoutables chasseurs aux gros nez, ils fuient à travers le pays, avant de finalement décider de demander de l’aide à la mystérieuse Yaomi et ses Hommes derrière-le-Nord…

Par fredgri, le 28 mars 2024

Publicité

Notre avis sur La fille de Rokubei

La fille de Rokubei s’inscrit dans la lignée de Kinnara, L’automate céleste et Rakshassas, Le livre des démons, réalisés eux aussi par le duo Eduardo Mazzitelli et Enrique Alcatena.

Cette fois, ils nous emmènent dans le Japon légendaire, ou l’on va côtoyer des démons, des créatures étranges qui traversent les paysages silencieusement, dans les traces de deux jeunes héroïnes qui vont à un moment donné se croiser.
On est rapidement envouté par ces ambiances mythologiques et cette faune bigarrée à la fois pleine de charme et inquiétante, par ces « trognes » incroyables, ces chevaux étranges, ces démons de toute sorte, les statues s’animent, deviennent de puissants guerriers de pierres, ou de simples jeunes filles, le danger rode de tous les côtés, on vole à dos de tigre, on invoque des forces inimaginables… On glisse dans un univers incomparable et complètement dépaysant.
De plus, même si on est impressionné par le graphisme virtuose d’Enrique Alcatena, il ne faut pas en oublier la qualité d’écriture d’Eduardo Mazzitelli qui se réapproprie avec aisance les codes de ces vieux contes, construisant dans la seconde partie un long périple découpé en épisodes, absolument captivant.

Le duo d’artistes nous propose un voyage éblouissant, qui déborde de magie, dans des contrées oniriques. C’est la très grande force de ces évocations, recréer un monde en dehors du notre, ou l’art d’Alcatena peut s’exprimer librement, reproduisant ici des vieux bas-reliefs ou se battent deux démons, ou l’apparition d’un géant. La démonstration est stupéfiante de précision dans les détails. On voit apparaître d’étranges figures qui traversent les cases, en marge du récit, sans aucune explication, cela créé une atmosphère mystérieuse et envoutante.

Un album qui démontre d’une part la qualité de travail des deux auteurs, mais surtout la pertinence du catalogue d’iLatina qui continue d’explorer les multiples trésors de la bande dessinée sud américaine, en nous proposant régulièrement des pépites de ce genre.

Évidemment vivement recommandé.

Par FredGri, le 28 mars 2024

Publicité