La fille du puisatier

Patricia est la fille ainée de Pascal Amoretti, le puisatier du village. Un jour, alors qu’elle va porter le repas à son père et son apprenti, elle rencontre Jacques Mazel, le fils du droguiste. Il est beau, certainement riche et audacieux, aussitôt il entreprend de séduire cette belle jeune fille qui n’est finalement pas indifférente à son charme. Ils se recroisent un peu plus tard et le jeune homme propose un rendez-vous, Patricia se laisse convaincre… Quelques temps après, elle découvre qu’elle est enceinte… La France est en guerre, Jacques est appelé pour être pilote et on dit qu’il s’est fait abattre… Désormais fille-mère, Patricia est envoyée chez sa tante pour y élever son enfant à naître, loin des cancans qui ne vont pas manquer de circuler…

Par fredgri, le 27 août 2024

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Notre avis sur La fille du puisatier

A la base de cette histoire, qui vient rejoindre l’excellente collection consacrée aux œuvres de Marcel Pagnol, chez Bamboo, il y a un film écrit et réalisé par l’écrivain, en 1940. L’idée est alors de raconter, dans le cadre de l’époque, c’est à dire au moment ou la France capitule devant l’Allemagne, l’histoire d’une jeune fille-mère répudiée en premier lieu par les parents du père de son enfant à venir, puis par son propre père qui l’envoie vivre désormais avec sa tante, avant que tout ce petit monde ne finisse par revenir la chercher pour envisager d’assumer tous ensemble la situation.

On reconnait d’office la finesse d’écriture de Pagnol, extrêmement bien rendu par Eric Stoffel qui respecte à la fois les thèmes du film, le ton des dialogues et surtout le cadre de cette histoire sur fond de guerre mondiale.
En glissant lentement dans cet album, on se rappelle le plaisir de lire cet écrivain, de plonger dans son univers à la fois rural, mais incroyablement attachant. Et ce charme opère à nouveau avec cette adaptation qui repose la question de ces filles-mères honnies par leur famille qui ne peut supporter ce déshonneur, quand bien même les véritables « victimes » sont en fait les jeunes femmes elles-mêmes…

On observe ainsi les mœurs de l’époque, la fierté déplacée, l’opprobre qui pousse la jeune femme à devoir se cacher. Et même si tout est raconté assez simplement, sans trop forcer sur la dureté de ces jugements, on comprend parfaitement que la seule chose à faire pour Patricia c’est d’accepter ce que les autres décident pour elle, résignée…

Un album qui se dévore d’une traite, magnifiquement servi par les sublimes planches d’Emilio Van Der Zuiden avec sa mise en scène épuré, ses femmes à tomber et ce sens de la fluidité narrative qui nous fait tourner les pages sans que l’on ne s’en rende compte.

Une très belle sortie.

Par FredGri, le 27 août 2024

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