La fin du monde en trinquant
En 1774, à Saint-Pétersbourg, afin de faire plaisir à sa maîtresse Irina, le chancelier Troubeskoy sollicite son ami l’astronome Nikita Petrovitch pour initier le fils de sa dulcinée, Ivan, aux sciences. Le professeur, dépité par l’ignorance de son nouvel élève mais redevable envers son camarade, ne peut donc qu’accepter. C’est lors de la première séance d’apprentissage que Petrovitch, entouré de confrères, découvre qu’une comète gigantesque s’apprête dans deux mois à s’écraser en Sibérie sur le village de Vanavara. Il fait part de cette menace auprès des autorités politiques. Malheureusement, ses prédictions ne sont pas prises au sérieux. Il en réfère à l’impératrice elle-même en requérant qu’une délégation soit envoyée sur place pour avertir les habitants de la région impactée. Aucunement sensible à la supplique du scientifique, elle prend pour résolution que ça soit Petrovich lui-même qui aille prévenir les villageois de Vanarava. Affublé de son bon à rien d’élève, le professeur part pour la Sibérie. Alors qu’ils atteignent la forêt de Toungouska en Sibérie, ils tombent dans une embuscade tendue par des malfrats locaux. La mission de sauvetage semble bien être compromise…
Par phibes, le 6 avril 2020
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Scénariste :
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dessinateur :
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Éditeur :
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Sortie :
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ISBN :
9782203161610
Notre avis sur La fin du monde en trinquant
Toujours dans une verve un tantinet aigrelette, Jean-Paul Krassinsky, l’auteur entre autres des Fables de la poubelle, du Crépuscule des idiots… revient parmi nous pour nous offrir un pamphlet détonant. Se déroulant au 18ème siècle, un astronome russe a découvert qu’un astéroïde allait s’abattre sur une région sibérienne. Son analyse n’étant pas considérée à sa juste valeur et accompagné d’un élève ignare, il est missionné pour aller avertir les habitants du village menacé.
Force est de constater que le récit nous entraîne dans une équipée des plus truculentes, à la fois cruelle et jubilatoires. En effet, à partir d’un cadre historique (la Russie des Lumières sous le règne de l’Impératrice Catherine II) bien établi, l’artiste nous livre une aventure à la russe, animée par des personnages zoomorphes aux comportements certes excessifs mais assurément pas loin d’une certaine vérité.
Les pérégrinations de Petrovich se veulent détonantes, surtout au contact de son apprenti-assistant Ivan (au nom imprononçable) dont la bêtise atteint des proportions ubuesques. Les vapeurs d’alcools de la vieille Russie planent sur leur équipée au fin fond de la Sibérie et noient le lecteur dans une mission de sauvetage qui n’en est pas totalement une. Le drame, la romance font partie de celle-ci et côtoient allégrement la bouffonnerie extrême.
Comme à son habitude, Jean-Paul Krassinsky transforme ses aventures à dimensions humaines en un véritable univers animalier. Les transformations qui en découlent (par exemple Petrovich en cochon, Ivan en chien…) ne posent aucun problème d’adaptation et donne une étoffe toute particulière à cette histoire. Caricaturale inévitablement, celle-ci se veut, de par le trait épuré et enlevé de l’artiste, on ne peut plus incisive. L’humour et le caustique vont de pair donc sous le couvert d’un travail à l’aquarelle d’une grande justesse.
Une fable acidifiante à mettre au crédit d’un auteur au talent avéré.
Par Phibes, le 6 avril 2020