La foire aux frisés

 
Narbonne, années 40. Alors qu’André discute dans un bar, des membres de l’organisation collabo "La Cagoule" font irruption et interrompent la discussion qu’il a à leur sujet. La situation tourne mal et l’homme avec qui André s’entretenait est blessé par balle. Avant de rendre l’âme, il aura le temps de souffler quelques mots à André, lui confiant un message qu’il gardait pour sa fille Linou. Plus tard, la jeune femme est trouvée mais André n’aura pas le temps de lui transmettre ce qu’il a à lui apprendre : les événements les sépareront…

En cette période de guerre, André est détenu dans un camp de travail en Allemagne pendant de longs mois. Il s’en échappera pour revenir sur Narbonne. Dans la région, à Leucate, il se fera embaucher par les allemands sur un chantier militaire où se construisent des radar stratégiques.

Après toutes ces années, par chance, André parviendra à retrouver Linou et lui dévoilera le message de feu son père. Ce message parlait d’un lieu connu par elle où son père a caché quelque chose de très important. Il se trouve que ce lieu mystérieux est dans l’enceinte du chantier nazi…

Par sylvestre, le 1 janvier 2001

Publicité

Notre avis sur La foire aux frisés

 
Narbonne, Leucate, ces localités se situent sur le littoral méditerranéen. Pendant la seconde guerre mondiale, sous le gouvernement de Vichy, le département de l’Aude était dans la zone libre. Cette histoire se situe en ces lieux, pendant cette période, et son personnage principal est un écrivain qui a réellement vécu, André Héléna, mais à qui Jacques Hiron fait ici vivre une aventure imaginaire.

Une des choses qui donne à cette BD un intérêt remarquable est le cahier d’information qui se trouve avant les 46 planches de l’aventure. Quatre premières pages présentent tout d’abord la commune de Leucate ; le lieu où une bonne partie de l’action se déroule.

Puis ce sont six pages qui s’ouvrent sur la recherche de la documentation par le scénariste. Reproductions de vieilles photographies, de cartes postales ou encore textes très intéressants, ces pages allument vraiment la flamme de notre curiosité : si les gens viennent en vacances à la plage à Leucate, peut-être ignorent-ils tout de ces anecdotes qui font l’histoire de cette commune. En outre, le lecteur de cet album passerait à côté de détails croustillants s’il n’avait pas lu ce prologue mettant vraiment en valeur le patrimoine de ce village !

Enfin, quelques pages présentent les auteurs, d’autres ouvrages écrits par le scénariste, et, enfin, donnent quelques clés supplémentaires pour la compréhension du récit et des enjeux… Moi, ce que j’en dis, c’est que cette démarche d’accompagner le lecteur dans le cœur du sujet devrait se faire plus souvent pour les récits historiques. On apprécie ainsi bien mieux les tenants et les aboutissants ; à contrario, on déplore que parfois seules les premiers tirages de certaines BD soient dotés de ce genre de cahier que les "plus lents à l’achat" manquent.

Cette collaboration entre Jacques Hiron au scénario et Jean-Michel Arroyo au dessin débouche sur un résultat très cohérent, original et intéressant. On notera en passant que des clins d’œil sont faits à Tardi et Hergé avec l’intégration, dans deux cases, de personnages issus de leurs œuvres respectives (vous avez dit Tintin ?!)

Ce travail à quatre mains ne sera pas leur seul : Hiron et Arroyo sont également les pères de la série "Le paquebot des sables" aux éditions Joker, dont le premier tome sortira un an après ce "La foire aux frisés". Si j’avais eu un peu de mal à entrer dans l’univers graphique d’Arroyo quand j’ai tout d’abord connu "Le paquebot des sables", je dois avouer que cette BD-là, toute en noirs, blancs et grisés est vraiment très jolie et rend plus clairement hommage à des auteurs comme Tardi, par exemple, duquel Arroyo ne se cacherait pas être grand admirateur.

A découvrir !
 

Par Sylvestre, le 14 décembre 2005

Publicité