La guerre oubliée du Caucase
Dans Les cahiers ukrainiens, Igort nous avait parlé de la grande famine qui avait touché l’Ukraine dans les années 30. Avec Les cahiers russes, il reste dans le récit-témoignage en bandes dessinées en s’intéressant cette fois à la Russie d’aujourd’hui ; et plus précisément à la manière qu’ont ses politiques de régler leur "problème tchétchène"…
L’auteur italien Igort a passé plusieurs années entre l’Ukraine et la Russie. Lorsqu’il a appris la mort de la journaliste Anna Politkovskaïa, il a été très choqué. Lui qui, en son genre, est aussi reporter, a voulu rendre hommage à cette femme courageuse et c’est avec cet ouvrage qu’il nous rappelle quel fut son combat et comment il a été prolongé par d’autres après son décès. Il nous touche aussi mot de ceux qui au contraire veulent faire taire ces vérités et les journalistes militants qui les dévoilent ; vérités qui sont autant d’ombres au tableau de la "démocrature" russe…
Par sylvestre, le 16 décembre 2011
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Scénariste :
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dessinateur :
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Coloriste :
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Éditeur :
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Sortie :
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ISBN :
9782754807579
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Notre avis sur La guerre oubliée du Caucase
Sensible à ce qui se passe en ex-URSS pour y avoir séjourné plusieurs années, l’Italien Igort a souhaité prendre avec ses armes à lui le flambeau de feue la reporter Anna Politkovskaïa, la plus emblématique des militantes anti-guerre en Tchétchénie qui a été assassinée début octobre 2006 à son domicile moscovite pour avoir été la petite bête qui embêtait la grosse…
C’est dans sa rue, dans son immeuble et dans l’ascenseur où elle a été retrouvée morte que les premières planches nous emmènent. Une "scène 1" plutôt qu’une autre, mais qui pour l’auteur Igort est forte de bien des symboles et est un point de départ logique pour marcher en remontant le temps sur les pas de celle qu’il appellera amicalement et simplement Anna.
Sur environ 140 pages, l’auteur nous raconte ce qu’il sait et ce qu’il a appris. Il apparaît humblement dans quelques scènes puis s’efface rapidement au profit des gens auxquels il donne la parole ou desquels il rapporte les dires. On est ainsi parfois aux côtés d’Anna Politkovskaïa ou pendus aux paroles de gens qui l’ont côtoyée. On entend aussi des victimes de la guerre russe qui met aujourd’hui encore la Tchétchénie à feu et à sang , mais également des soldats qui se sont retrouvés du côté des bourreaux. Et rien ne nous est épargné : méchanceté, tortures, inhumanité… D’autres BD comme Chroniques du proche étranger en Tchétchénie (éditions Vertige Graphic) avaient déjà porté à notre connaissance certains faits et certaines horreurs… Les cahiers russes nous font une piqûre de rappel, voire nous en apprennent encore un peu plus.
C’est bouleversant, et cela à plusieurs titres. D’abord parce qu’une guerre est toujours un drame et parce que la guerre en Tchétchénie, ce sont des Russes qui en tuent d’autres. Ensuite parce que cette guerre, comme beaucoup d’autres, n’est finalement motivée que par de basses ambitions politico-économiques ou mafieuses. Enfin parce qu’une guerre, et notamment celle-là, ce sont des hommes qu’on monte les uns contre les autres en leur rappelant qu’ils n’ont pas la même religion ou qu’ils ne sont pas de la même race, les déformant alors jusqu’à en faire des chiens enragés sans plus aucun discernement et donc capables de tout…
La Tchétchénie, ce n’est pourtant pas si loin de chez nous. Ni dans l’espace, ni dans le temps. Grozny, la prise d’otages dans un théâtre de Moscou, le massacre de l’école de Beslan… Vous vous en souvenez ? Même quand les media nous parlaient encore de la Tchétchénie ou de sa voisine l’Ingouchie parce que les journalistes réussissaient encore à s’y rendre, ça ne nous touchait pas (ou qu’un court moment) et on éteignait le poste momentanément ébranlés mais finalement si peu concernés. Heureusement, des gens comme Igort ont pris à cœur plus que d’autres – et pour des raisons qui leur sont propres – ce genre d’intolérables situations et ils répondent présents pour en parler et en reparler. Pour critiquer, pour témoigner, pour expliquer. Et pour éventuellement qu’on ressorte de ce type de lecture plus humains, plus informés et éventuellement plus responsables qu’on ne l’était avant.
Merci Anna, et merci Igort.
Les cahiers russes, pour ne pas oublier non plus les victimes de la guerre en Tchétchénie ; aux éditions Futuropolis.
Par Sylvestre, le 16 décembre 2011
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