La lecture des ruines
Durant la Première Guerre mondiale, Jean Van Meer (Hollandais et folkloriste de guerre) est chargé par l’Entente, dont il est l’un des agents secrets, de chercher (mais de ne surtout pas trouver) l’ingénieur de guerre et inventeur du canon à rêves, Hellequin. A peine sa mission commencée, elle avorte quand Hellequin se manifeste…
Par melville, le 27 juillet 2011
Notre avis sur La lecture des ruines
La Première Guerre mondiale est un sujet récurrent en bande dessinée. Nombre d’auteurs se sont essayés avec plus ou moins de succès et de justesse à parler de ses horreurs, de ses absurdités, de sa bêtise… Jacques Tardi occupant le créneau avec tout le talent qu’on lui connait, il n’est pas simple pour un auteur de se risquer sur ce terrain. Conscient de cela, David B. (comme il l’explique dans la postface de la présente réédition, à l’origine conçue pour la première édition de l’album en 2001) opte pour une approche détournée de la guerre qui rompt de fait avec celle très frontale de Tardi, lui conférant ainsi une légitimité et une existence propre.
En tant que maître de l’onirisme il n’y a rien d’étonnant à ce que David B. aime s’exprimer par métaphore. Dans La lecture des ruines, on n’est que très peu confronté aux affrontements de soldats et aux tranchées. A la manière d’un roman-feuilleton (comme peut l’être Les aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec, Tardi – Casterman, l’approche très « premier degré » en moins), David B. nous entraine au cœur de Londres dans un jeu de cache-cache haut en couleurs. Mais au final, l’auteur dresse un parallèle plein de malice entre les ruelles sinueuses et les tranchées, entre les différents clans de malfrats qui si affrontent et les combats sanglants qui déciment les régiments de soldats. David B. nous parle d’Histoire en nous racontant une histoire. Captivant.
Il dresse tout une galerie de personnages charismatiques et muent par ce flegme qui marque son style. Et au travers de l’ingénieur Hellequin, David B. nous fait part de son regard sur les affres de la guerre. Pour ce personnage il choisit d’en faire un savant fou mais inoffensif, perdu dans le monde de ses rêveries. Pour autant le personnage d’Hellequin n’en est pas moins au service des belligérants et ses inventions sont destinées à vaincre l’ennemi Allemand. Cette ambigüité rend d’autant plus amère et percutante sa conclusion de la lecture qu’il effectue des ruines, stigmates de la guerre. Et pour ce qui est du dessin, le trait de David B. et son choix de mise en couleur renforce la dimension du feuilleton. L’auteur glisse également tout une symbolique métaphorique dans la couleur des costumes de ses personnages.
David B. est un auteur qui a su au fil de ses albums s’inscrire comme l’un des grands du neuvième art. Son univers singulier empreint d’onirisme, d’autobiographie et fascination pour l’Histoire et les histoires ne peut laisser indifférent.
Cette réédition est l’occasion de découvrir un grand album de bande dessinée. A ne pas manquer !
Par melville, le 27 juillet 2011
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