La légende de robin des bois

Robin des bois et Petit-Jean sont poursuivis par le shérif de Nottingham dans la forêt de Rambouillet.
Mais beaucoup de temps a passé. Robin a la maladie du sieur Alzheimer, et seuls les gros coups de massue de son ami Petit-Jean le ramènent à la raison. Leur concept, « voler aux riches pour donner aux pauvres », a dérivé en un massacre perpétuel de touristes (qui servent occasionnellement en barbecue). Frère Tuck est devenu pape et le shérif sucre un peu les fraises quand il ne couvre pas les actes de zoophilie de Tarzan…

Par TITO, le 1 janvier 2001

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3 avis sur La légende de robin des bois

Cet ensemble d’histoires courtes, avec un fil rouge commun, est particulièrement déroutant mais toujours aussi décalé. Quelle évolution pour le Larcenet post « Combat-Ordinaire » ?

Larcenet de retour à l’humour
Nous avions laissé Larcenet au sortir de cette révélation qu’était Le combat ordinaire, et je me demandais franchement comment l’auteur allait revenir sur les sentiers battus de l’humour « Fluide-like ».
Il est clair que l’humour si particulier, fait de temps et contretemps, de décalages, de répétitions subtiles et de lubies entraînantes est toujours là. Faire rire avec un petit vieux atteint d’Alzheimer, qui pète les plombs au son de vieux tubes discos, alors même qu’il est, par un paradoxe temporel génial, enfermé dans une forêt immuable depuis Walt Disney : seul un grand de l’humour pouvait le faire…

…Mais dans un monde désenchanté…
Car tout est glauque ici si on prend un peu de recul : zoophilie, cannibalisme, vieillesse, meurtres gratuits… C’est un peu du Greenaway, un peu du Dupontel, et le contraste avec le mythe naïf de Robin des Bois est fort et participe à cet humour puissant. Mais cette fois il y a quelque chose de plus : les personnages sont touchants. Cette tendance esquissée dans La jeunesse de Bill Baroud semble émerger d’un Larcenet qui laisse plus volontiers les ombres de sa personnalité peupler son univers malicieux. Avec pour résultat une richesse comparable à certains des plus intéressants épisodes de « Donjon » (et la collaboration de Larcenet n’avait rien d’un hasard, Sfar et Trondheim avaient sans doute constaté cette tendance avant moi)…

Larcenet se met en perspective
Car l’auteur, comme tout artiste, chemine, mais aussi se remet en question. Aurait-il trouvé prétentieux les plans séquences de transition du Combat Ordinaire qu’il nous les ressert de façon absurde à chaque début de chapitre ? La frontière entre les deux facettes de cet auteur s’amenuisent, et l’auteur s’amuse à nous le faire ainsi gentiment remarquer…
Les apparitions mystérieuses de petits personnages (Professeur Tournesol, Mickey ou quelques potes de Fluide…), apportent elles aussi un peu de nouveauté dans ma vision de cet artiste qui commence à se mettre en perspective dans l’univers de la BD.
Et comme d’habitude tout est un perpétuel brassage de références : le titre lui-même n’est-il pas un clin d’oeil à un des rares souffle de renouveau dans l’humour à sketches français ? Quand aux apparitions d’un cheval de Troie Monthy-Pittonesque ou à une faucheuse sortie des annales du disque-monde, elles sont aussi bénéfiques qu’hilarantes.

Dans l’univers esthétique classique de Larcenet, on a l’impression que l’humour, toujours décalé, omniprésent et absurde, ne s’extirpe donc plus de cet auteur sans être accompagné de ce désenchantement constaté à plusieurs reprises. Il en résulte un album riche, à la fois acide et amer, sucré salé et au final très agréable. Je vous le recommande donc chaudement…

Par TITO, le 6 septembre 2003

Après une telle démonstration, il est difficile de faire un avis mais en même temps, cet album est là et il donne énormément envie d’en parler. D’ailleurs il donne envie de rire, de sourire, de chanter… euh , non là j’abuse 😉
Alors pourquoi ai-je envie d’en parler ?
Parce qu’il a ce petit air malicieux qu’on adore trouver dans les yeux des enfants quand ils s’apprêtent à faire une bêtise ou qu’ils essaient de nous piéger.
Où ? Dans le ton continuellement tendre et humoristique que Larcenet manie avec beaucoup de talent et qui nous ferait avaler des couleuvres ! (si si 😉 ) Alors, avec cet air ingénu, notre vieux Robin des Bois atteint de l’Alzeihmer, nous fait tendrement sourire, et comme il oublie le quotidien , nous oublions la maladie… en tous cas elle reste la toile de fond de la vie du héros mais on se surprend à attendre la prochaine crise, c’est à dire un tube bien ringard qui nous aurait halluciné si ça n’avait pas été dans les dialogues de cette bd !
Etonnant ! Comme quoi, on peut parler de tout, finalement, tout dépend de quelle façon on en parle et qui en parle.
Cet album me donne envie de me détendre, il est rassurant, il est confortable. Finalement, je préfère profiter de cet humour-amour à fond et je laisse l’analyse à d’autres. Je préfère jouer à « Cherchez l’intrus » par exemple ou à participer au Karaoké de l’album et ne pas décrocher de cette lecture sauf pour la dernière page où là, vraiment, on est bien obligé de revenir à la réalité ! C’est à dire, fin de l’histoire, mort du héros,……ben la vie, quoi !
Le dessin est évidemment un must dans le genre, c’est incroyable cette facilité affichée par Larcenet à poser ses personnages, à les rendre expressifs au point qu’on en oublie qu’ils ne sont que des héros de papier !
Monsieur Larcenet, merci pour cette petite merveille !

Par MARIE, le 18 septembre 2003

cet album est avant tout un très bon moment de lecture, ça traine un peu vers la fin et surtout ça se mord la queue. Néanmoins on retrouve le Larcenet de Fluide, celui qui nous fait rire avec son humour complètement décalé. Cette fois il utilise des trucs énormes pour nourrir ses gags. Tout d’abord, la maladie d’Alzheimer, c’est un peu facile de prime abord, le moyen de mettre des éléments rigolos qui font mouche tout de suite, on ne s’apitoye pas vraiment sur la maladie car elle n’est pas importante, c’est le poid de l’age, Robin s’inquiète bien dans son coin mais Larcenet n’en continue pas moins à user de ce stratagème pour faire rire… Ensuite il nous emmène dans un monde ou les héros peuvent être zoophiles, cannibales ou même cruels, mélangeant ainsi un certain regard plus tendrement ironique sur ces vieux personnages, leur place dans la mythologie populaire.
Mais Larcenet ne semble pas être du genre, non plus, à se prendre la tête, il nous livre 46 pages de pur bonheur de lecture, ca dure 20 mn et c’est sympa. Peut-être oubliera t on ces planches dans la demi heure qui suit, qu’importe, c’est le plaisir qui compte !

Par FredGri, le 1 octobre 2003

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