LA LIBERTE DANS LE SANG

Rojîn a été séquestrée et maltraitée pendant plusieurs mois avant un mariage forcé qu’elle fuira le jour J, blessant pour cela gravement son « promis » au passage et couvrant de facto la famille turque de celui-ci d’une honte qui, à leurs yeux, demandera vengeance.
Rojîn, la malheureuse, sera effectivement retrouvée par eux, et menacée de mort. Elle décidera de quitter Paris pour retourner au Kurdistan turc dont elle est originaire.
Là-bas, elle mesurera combien les Turcs haïssent les Kurdes et exercent sur eux une féroce oppression à tous les niveaux : administrativement, mais humainement, aussi.
Cette expérience achèvera de forger son caractère de femme révoltée et la conduira à prendre les armes pour se battre aux côtés des siens contre une autre menace de taille : celle que représentent les terroristes de Daech qui sèment la mort dans la région.

Par sylvestre, le 3 février 2024

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Notre avis sur LA LIBERTE DANS LE SANG

Sexisme, maltraitance, mariage forcé très jeune, menaces de mort, arrestations, humiliations, tortures, viols, violences, esclavagisme… Rojîn cumule ! Se dire qu’elle est un personnage de papier attirant sur elle les différents malheurs que des femmes comme elle peuvent avoir vécus sans les avoir forcément tous subis nous rassurerait presque, mais ce serait oublier que même une seule de ces déconvenues est absolument intolérable. Être rassuré serait malvenu également en cela que le calvaire de Rojîn, c’est malheureusement le quotidien de trop nombreuses personnes dans certaines parties du monde qui se voient opprimées, tout âges confondus, quel que soit leur sexe, pour simplement faire partie d’une ethnie particulière ou pour suivre les préceptes d’une autre religion que celle leurs tortionnaires.

Le parcours de Rojîn, c’est ainsi une indécente collection de malheurs qui caractérisent le style de guerre qui ébranle les Kurdes et le Kurdistan, ce territoire que l’Histoire politique a placé à cheval sur trois pays : la Turquie, la Syrie et l’Iran, tous trois dirigés par des gouvernements considérant les Kurdes rêvant d’unité et d’indépendance comme des terroristes ; habile blanc-sein pour justifier leur politique nationale d’écrasement et de réduction à néant de cette épine dans leur pied.

Pour cette BD La liberté dans le sang, l’autrice et journaliste Kudret Gunes s’est d’abord inspirée de la vie de sa sœur. De fil en aiguille, son projet s’est élargi, donnant finalement à entendre les multiples voix des gens qu’elle a rencontrés et interviewés et dont elle a voulu relayer et fédérer les témoignages jusqu’à créer pour nous cette Rojîn dont on suit la terrible aventure. Née sous une autre étoile, la belle jeune femme aurait comme d’autres pu vivre une vie enviable. Née Kurde comme d’autres naissent Palestiniens, Ouïghours ou Rohingyas, elle n’aura connu au contraire que des misères la privant de cette Paix à laquelle tous les gens équilibrés aspirent.

C’est Christophe Girard qui a mis en images et en couleurs le scénario de Kudret Gunes. Son trait se prête autant à la représentation des moments de grâce qu’à celle des séquences les plus sordides. Devenu porteur d’une caméra virtuelle prompte à capturer des scènes qui seraient difficiles à filmer dans cette dure réalité, c’est grâce à lui qu’on peut « voir » ce que Gunes a à nous raconter.

Comme tout ouvrage visant à ouvrir les yeux des gens sur ce qui se passe au-delà de leur zone de confort, La liberté dans le sang propose le point de vue des Kurdes, peuple opprimé depuis des temps immémoriaux. Quelques bandes dessinées compléteront cette lecture nécessaire : Yézidie !, par exemple, aux éditions Dupuis. Et Jusqu’à Raqqa, aux éditions Delcourt.

Par Sylvestre, le 3 février 2024

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