La main verte

Voilà une journée en apparences comme les autres pour Herbert Bori, dessinateur de bande dessinée. Peu productif ce jour-là, il part avec sa petite famille faire les course au supermarché. Et c’est là que le monde va s’arrêter, avec l’allocution du Président de la République.

« Nous avions, avec mon gouvernement, tenté de préparer la France à ces difficultés. Malheureusement, les études les plus pessimistes sous-évaluaient l’imminence de la pénurie. Les gestionnaires mondiaux des gisements pétrolifères viennent de nous informer que la production est désormais proche de zéro. Il faut nous préparer à un nouveau mode de vie. Les déplacements motorisés seront drastiquement limités. Les stocks restant seront dévolus aux forces de l’ordre, aux services d’urgence, à l’armée. »

Ainsi le pire a fini par arriver. Toute une société, tout un monde sont obligés de revoir leur mode de fonctionnement. Et, dans cet univers sans voitures et sans production de masse, l’humain revient aux valeurs essentielles. Le superflu n’a plus de raisons d’être. Du coup, les auteurs de BD non plus. Dans ce monde nouveau, mieux vaut savoir planter les salades que dessiner Astérix…

Par legoffe, le 21 septembre 2009

Notre avis sur La main verte

Hervé Bourhis pose une question que tout le monde devrait avoir en tête en ces temps où l’on voit le monde changer à toute vitesse, où le climat devient toujours plus difficile à cerner et où l’on sait que les réserves d’énergie n’ont rien d’inépuisables. Il se demande donc comment l’on pourra vivre le jour où le pétrole ne sera plus, dans une société non pas lointaine mais bel et bien contemporaine.

Pour mieux marquer la banalité, non du propos mais bien du décor, il choisit de mettre en scène des gens ordinaires parmi lesquels un… auteur de bande dessinée. En d’autres termes, il se projette lui-même dans ce monde post-pétrolier. Et il ne propose pas un scénario délirant, fait d’émeutes ou de cités en dérive. Non, il raconte des vies bouleversées, mais pragmatiques, où l’idéal prend la forme d’un plan de poireaux et où le rêve impensable épouse les contours d’un jerrican plein d’essence.

Bourhis ne manque pas d’humour pour raconter cela, faisant même de l’autodérision lorsqu’il décrit l’auteur de bande dessinée comme élément superflu dans ce nouveau monde. Je n’ose, d’ailleurs, imaginer la tristesse d’un univers où ces objets soit disant inutiles seraient bannis de nos sociétés. Que resterait-il alors de nos cultures, de nos valeurs ? Un jardin, une lignée de salades ? Voilà qui serait bien triste même si, et le message est clair, cela fait aussi partie de nos connaissances, de nos valeurs ancestrales. Le besoin pour Herbert de retrouver son père et lui demander conseil sur le jardinage est une quête simple, mais bien réelle, d’un homme qui cherche ses racines, au sens propre comme au sens figuré.

Ce livre interpellera sans doute le lecteur sur les valeurs essentielles qui devraient guider ce monde et sur la fragilité de notre avenir. Des questions salvatrices, mais qui sont, hélas, portées par un récit sans grand dynamisme. Ce road-movie n’apporte pas les surprises que le lecteur aurait été en droit d’attendre. Bourhis ne parvient pas totalement à distiller le petit grain de folie qu’il a voulu faire germer, non sans imagination, dans le petit pot qu’il a posé sur son balcon. Du coup, la pousse éclos, mais elle n’offre pas la saveur que laissait présager les apparences.

Par Legoffe, le 21 septembre 2009

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