La maison dans les blés

La première personne que Gabriel a croisée (Dany) était plutôt du genre à lui faire regretter d’être venu dans le coin, mais lorsqu’il est arrivé à La Renardière, cette petite maison dans les blés qu’il avait achetée par internet sans jamais être allé la visiter auparavant, il a été submergé par un bonheur certain.

Gabriel est peintre. Ses toiles se vendent honteusement cher mais il a pourtant laissé Nathy et leur fille Lucchia pour faire un break avec cette vie de pognon et est venu se ressources dans ce coin de campagne paumée.

Là, il a fait connaissance avec Lucie, une jeune femme tout juste sortie de l’adolescence, le genre à prétendre qu’elle parle aux animaux et que eux la comprennent. En voisine, elle est venue un jour lui apporter un panier garni de bienvenue… Puis elle a continué à lui en apporter un tous les matins !!!

Serait-elle celle qui comblera le vide que Gabriel ressent dans sa vie, ou bien les blessures du peintre resteront-elles à jamais béantes comme cette faille dans un mur de sa maison qu’il n’arrive pas à colmater ?
 

Par sylvestre, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur La maison dans les blés

Il y a beaucoup de raisons de tomber sous le charme de cette bande dessinée. L’une d’entre elles est cette impression qu’on a, lecteur, qu’elle a absorbé son auteur. En effet, démarrant comme une fable dans laquelle les animaux parlent, elle se transforme vite en une petite chronique de campagne mais sans s’arrêter paresseusement à ce stade. Et c’est là que ça devient intéressant, au-delà du récit : on a l’impression que Jean-Christophe Pol, de faire évoluer sa Lucie carrément allumeuse, a lui-même succombé aux charmes de la belle ! Le peintre qui réussit / l’auteur de BD… Le transfert d’artiste à artiste n’est sans doute pas surprenant. Et on glisse avec tout ce petit monde, personnages et auteur, dans le délice de ce rêve à portée de page…

Gabriel, le « héros », accueille la venue de Lucie dans sa vie de tous les jours. Mais… avec le recul mature qui l’empêche de se comporter avec la belle des champs comme s’il avait eu son âge. Et puis, le temps qui passe, temps passé avec ou sans elle, d’ailleurs, mène Gabriel à la réflexion. Une réflexion sur la vie et comment elle vaut d’être vécue. Une réflexion sur sa parenthèse à la campagne qui pourrait ne jamais se refermer alors qu’il a laissé en plan femme et enfant ; son enfant qui lui manque énormément depuis. Une réflexion par rapport à l’argent, aussi. Et tout cela aidé par l’omniprésence de la nature, la compagnie de Lucie, l’image de Dany ou les phrases mystérieuses de « la hulotte »…

La maison dans les blés, loin d’un rigolard Retour à la terre joue dans la cour du récit intimiste. Comble du bonheur, c’est sur pas moins de 220 pages qu’on se prélasse dans cette histoire, au rythme du vent qui souffle dans les blés, au rythme de la construction de la relation entre Gabriel et Lucie, et grâce aussi à la force du graphisme, tout en noir et blanc, alternant des coups de crayons très fins souvent associés à la nature et des traits bien plus gras dessinant les personnages et traduisant leurs émotions : cœurs qui battent la chamade, remords, colères, joies…

Résultat du « greffon » de deux projets qui trottaient dans la tête de Jean-Christophe Pol, La maison dans les blés enfin disponible fait donc le bonheur de son auteur qui s’oblige à une certaine auto-critique en fin d’ouvrage puisqu’il avoue qu’il aurait aimé pouvoir dessiner Lucie encore plus belle qu’elle nous apparaît. On comprend le dessinateur qui souhaite la perfection. On peut alors le rassurer en lui disant que son travail de scénariste a réussi à donner à Lucie cette beauté qu’aucun crayon ne saurait de toutes façons traduire. Ce sont des choses qui se vivent à l’intérieur. Et si des failles ne se laissent pas combler, on peut toujours planter des fleurs devant !

Superbe histoire d’amour. Très bon travail. Faites vous aussi un break à La maison dans les blés.
 

Par Sylvestre, le 28 mai 2008

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