La mare

Huub et Sara peinent encore un peu à se remettre de la mort de leur fils. Suite à un héritage inattendu, ils récupèrent une vieille maison familiale, perdue dans les bois de Veluwe. Sara est peintre, mais n’a plus rien produit depuis cette tragique disparition, elle profite donc de ce changement pour tenter de reprendre pied, mais elle se sent progressivement attirée par une étrange mare révélée, non loin de leur maison, par une récente tempête…

Par fredgri, le 24 février 2024

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Notre avis sur La mare

A mille lieux de son fantastique album L’Exilé, Erik Kriek nous plonge cette fois dans un récit intimiste mâtiné de fantastique, dans les pas d’un couple encore meurtri par la récente disparition de leur fils.
Ils s’installent dans une vieille maison, perdue dans une forêt, ils entreprennent de la retaper, histoire de se changer les idées, de penser à autre chose… La jeune femme se souvient néanmoins des derniers temps, les visites chez le psy, le manque d’inspiration devant ses toiles blanches…

L’écriture est très juste, sans éclat, mais avec ce qu’il faut de retenue pour à la fois insister doucement sur le deuil que traverse ce couple et la douleur qui prend sans répits Sara. On suit des yeux les gestes, les regards, les moments ou ça craque, ou l’on se résigne. Il y a une émotion muette qui petit à petit nous embarque au fil des pages, alors que par petites touches le fantastique vient s’immiscer entre les cases, avec cette étrange mare, dévoilée alors qu’un vieil arbre a été déraciné par une violente tempête, quelques jours auparavant, d’où semblent sortir des voix qui appelle Sara. Puis l’horreur quand les premiers morts viennent rompre la tranquillité de l’histoire.

Cependant, ce contexte surnaturel est transcendé par la tristesse et le trauma que traverse l’héroïne, par cette réalité qui se déforme autour d’elle, progressivement. Et c’est là que réside toute l’habileté de Kriek qui ne donne aucune explication, mais qui observe avec attention les effets directs entre les visions qu’a Sara et les drames qui viennent rythmer la seconde moitié de l’album. On ne connait certes pas les raisons de tout ça, mais qu’importe, ce flou participe à l’horreur, à cette impression d’être au cœur d’un drame psychologique avant tout.
C’est particulièrement bien rythmé, entre le contemplatif et la tension face à l’inconnu, on se laisse gagner par l’émotion, la peur, l’interrogation dans cet album qui se révèle extrêmement captivant, d’un bout à l’autre. Une vraie grande surprise.

Graphiquement, le trait se veut plus contrasté, il peut rappeler sous certains angles le dessin de David Lloyd, mais en plus moderne certainement. En tout cas, une nouvelle fois, c’est sublime. Il y a des cases de décors forestiers qui sont incroyables, servies par une narration très cinématographique qui nous offre parfois des travelings lents fascinants.

Je reste encore sous le charme de cette incroyable lecture, par sa finesse et la violence qui vient s’inviter deçi delà. Une nouvelle réussite d’Erik Kriek.
Vivement conseillé, bien évidemment.

Par FredGri, le 24 février 2024

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