La mort dans l'âme

Monsieur Vanadris a quitté l’hôpital pour être transféré dans un centre de soins palliatifs. Atteint d’un cancer généralisé, ce dernier est malheureusement promis à une fin inéluctable que lui-même et son fils Cyril acceptent difficilement. Un tant soit peu isolé et soigné pour une douleur persistante, le malade voit progressivement son traitement s’alourdir, laissant présager une déchéance physique inévitable. Dans la détresse morale qui s’installe au regard de l’état physique d’autres pensionnaires, Monsieur Vanadris parvient à trouver un certain réconfort auprès d’un jeune prêtre qui vient le visiter de temps à autre. Pareillement, Cyril, bouleversé par l’épreuve que traverse son père, conserve néanmoins un contact très proche. Jusqu’au jour où celui-ci lui demande de l’aider à mourir. Cette sollicitation ô combien difficile nécessite une réponse que le jeune homme va tenter de trouver auprès du médecin qui suit son père.

 

Par phibes, le 6 octobre 2011

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Notre avis sur La mort dans l’âme

Pour les besoins de ce one-shot, Sylvain Ricard et Isaac Wens ont décidé de traiter d’un sujet pour le moins douloureux et qui, évidemment, ne respire pas la gaieté puisqu’il s’agit de la mort et par extension de l’euthanasie. Sans rentrer dans un discours pour le moins pompeux et enclin à discussions scientifiques, les auteurs ont souhaité, pour illustrer leur thème, de narrer la fin de vie d’un homme, cloué par une maladie dégénérative.

Comme il se doit, le ton est grave et un tant soit peu angoissant (et pourtant, il fait partie de la vie). Sylvain Ricard dévoile certes avec simplicité mais avec de gros élans de tristesse et de sensibilité, le dur parcours d’un père et un fils face à un adversaire impitoyable, qui ne laisse que peu d’espoir, la mort. Dans ce contexte empreint d’une réalité évidente qui trouvera un écho chez les lecteurs ayant connu pareil malheur, les émotions sont multiples de par l’isolement du malade au regard de sa déchéance, de par sa souffrance physique et morale, de par les relations familiales douloureuses qu’une telle situation peut engendrer, de par l’impossibilité de disposer de sa vie à un moment crucial. Par ce biais, Sylvain Ricard a le don de nous interpeller gravement sur ce sujet qui n’a pas fini de remuer les esprits.

Pour les besoins de cette évocation dramatique, Isaac Wens change totalement de registre par rapport à London, aux Gardiens des ténèbres,… et opte pour un dessin rapide, épuré. Son trait, crayonné appuyé, se veut pourtant expressif et suscite bien des émotions quant la représentation physique de ses personnages qui dispensent quelque chose de réel dans leurs détresses. Le jeu des ombres créées par une large utilisation de fusain et l’emploi d’une colorisation directe sépia se suffisent à eux-mêmes pour conforter les ambiances pétries d’émotions diverses.

Une bande dessinée certes grave mais sensible, qui a l’avantage de mettre sur la table la dure problématique liée à l’acte irréversible qui pourrait mettre fin à la vie d’une personne pour lui éviter de souffrir.

 

Par Phibes, le 6 octobre 2011

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