La peau du rhinocéros

 
Sur son île, un homme n’avait comme possessions qu’un chapeau, un couteau et un four dans lequel il aimait faire cuire de délicieux gâteaux. Un jour, un rhinocéros à la peau tendue – comme ils l’étaient tous à cette époque – vint sans scrupule lui dérober son gâteau du moment et l’engloutir.

L’homme ne l’entendit pas de cette oreille et voulut se venger. Il profita un jour de forte chaleur d’un bain que prit le rhinocéros : comme ce dernier avait ôté sa peau pour faire trempette, l’homme versa dedans des poignées entières de miettes. Celles-ci eurent le don de démanger l’animal lorsqu’il se rhabilla sans soupçonner quoi que ce soit. Dès lors, il ne cessa plus de se gratter : sa peau devint rêche et toute plissée, et son caractère encore plus détestable qu’il ne l’était jusque là…
 

Par sylvestre, le 22 juin 2013

Notre avis sur La peau du rhinocéros

 
La peau du rhinocéros est très épaisse. Jusqu’à plusieurs centimètres, notamment pour le rhinocéros indien (l’une des cinq espèces de rhinocéros) dont la peau aux plis très marqués est souvent comparée à une armure. Rudyard Kipling, l’auteur bien connu du Livre de la jungle, a longtemps vécu en Inde, et s’il a vu un jour des rhinocéros, c’est très probablement des rhinocéros indiens. Pas étonnant donc que dans ses Histoires comme ça, à côté du léopard et de ses tâches ou du chameau et de sa bosse, le rhinocéros et sa peau aient gagné leur place ! Avec ces histoires, Rudyard Kipling offrait à la littérature de délicieuses petites fables qu’aujourd’hui encore on s’amuse à lire et à raconter à tout âge ; fables donnant des explications fantaisistes à des questions qu’avant Kipling personne sans doute ne s’était jamais posées !

Avec ses "cousines" animalières, Comment le rhinocéros se fit la peau est une histoire courte qui a été adaptée à de très très nombreuses reprises. Et parce qu’elle est destinée à la jeunesse, elle a logiquement surtout été adaptée en versions illustrées. C’est pourquoi la parution de la bande dessinée La peau du rhinocéros aux éditions Emmanuel Proust est à la fois un pari osé parce que s’exposant à la comparaison, et à la fois une initiative naturelle : le désir de proposer sa version d’une œuvre universelle étant bien compréhensible de la part d’un éditeur ayant par ailleurs d’autres titres jeune public à son catalogue.

Je vous le dis tout de go : le pari est gagné pour cette BD de Pedro Rodriguez (au dessin) et de Martin Powell (signant l’adaptation) ! Parce que l’histoire originelle est respectée, assurant l’intérêt culturel qu’il y a à y puiser, mais aussi parce que les dessins qui la traduisent en images sont résolument modernes et drôles (regardez l’allure du rhino qui a "déboutonné" sa peau !!!), mettant plus que jamais "à la page" ce vieux texte de Kipling qui, s’il n’avait pas connu de suite le succès, aurait très bien pu mal vieillir et ne jamais inciter tous les artistes qui l’ont fait à s’y frotter.

Cartonnée, avec un format plus petit que la normale et avec – tout au début et tout à la fin – des fiches humoristiques présentant plus ou moins sérieusement le périssodactyle vedette (soit dit en passant menacé d’extinction dans la vraie vie), La peau du rhinocéros est une bande dessinée qui se lit rapidement et avec un plaisir tout malicieux. Une véritable thérapie par la lecture pour petits et grands, rapide et efficace, en ces périodes si moroses !
 

Par Sylvestre, le 22 juin 2013

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