La petite lumière

L’homme est âgé, solitaire, il vit dans un petit hameau abandonné qui grince les nuits de grand vent, ou il n’y a plus d’électricité, mais ça lui va. Cependant, depuis quelques temps, sur la colline en face, il y a une petite lumière qui s’allume la nuit, alors qu’il est sensé ne rien y avoir là-haut. L’homme est perplexe, il pose des questions au village, mais personne ne sait de quoi il s’agit. Peut-être d’extra-terrestres, lui glisse-t on à l’oreille… Alors un soir, il va voir de lui-même, il prend sa voiture, crapahute dans les chemins et continue à pied jusqu’à une vieille maison… Curieux, il découvre alors un jeune garçon, peut-être 8 ans, qui vit tout seul, qui se débrouille pour tout faire, le ménage, la lessive, se préparer à manger et même ses devoirs… L’homme se penche, le regarde et lui demande… "Mais qui es-tu, petit ?"

Par fredgri, le 5 mai 2023

Notre avis sur La petite lumière

Cet album est l’adaptation presque littérale du roman du même nom d’Antonio Moresco. Dans l’histoire, il est question d’un homme qui décide de s’isoler dans un coin paumé, sans le confort d’une vie en ville. Pendant ce temps-là, se prépare une tempête qui vient régulièrement se glisser dans les pages, la nuit, retournant des tuiles, souffant entre les arbres.

Grégory Panaccione prend son temps pour laisser le récit s’installer, pour nous faire entendre la voix de ce solitaire qui nous murmure à l’oreille ses interrogations sur cette petite lumière qui perturbe agréablement son envie de solitude. Qui est-il ? Ou l’action se déroule-t elle ? Finalement, peu importe. On se laisse porter par la nonchalance, parfois mélancolique, de ce magnifique album qui nous touche par sa simplicité et son écriture sèche, mais émouvante tandis que s’instaure le dialogue entre l’homme et l’enfant.
Plus nous entrons dans l’album, plus nous en apprenons sur la nature du petit garçon, sur son histoire, sur ces petits gestes qu’il accomplit, jour après jour, nuit après nuit… Nous entendrions presque le son de sa voix, au milieu des bruissements de feuilles, du chant des oiseaux ou tous ces bruits nocturnes.

L’homme n’est pas un intrus, il s’aventure sur les chemins en respectant les bruits d’animaux qui se faufilent, quitte à faire un détour pour ne pas gêner un blaireau inquiet. On comprend progressivement que cet homme n’envisage pas de retour à la normal, juste peut-être s’éteindre lentement, tranquillement, là dans son coin de campagne, sans avoir à rendre de compte. Et peut-être que cet enfant, là… Peut-être qu’il est ce signe de la main qu’il attend, qui sait…

Un très bel album qui se déploie sans précipitation, que l’on dévore d’une traite, surpris par sa délicatesse, par sa pureté. Le dessin est beau, l’écriture aussi et le silence… le silence est fascinant.

Vivement recommandé.

Par FredGri, le 5 mai 2023

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