La petite voleuse de la Tour Eiffel

En ce 12 octobre 1904, le jeune inspecteur Jules Dormoy procède avec sa brigade au repêchage d’un noyé dans la Seine. Peu enclin à apprécier le triste spectacle, il finit par découvrir que la victime, magicienne de métier, s’est suicidée par dépit amoureux après avoir écrit une lettre d’adieu à sa dulcinée. Pendant ce temps, aux abords de la Tour Eiffel où on s’apprête à marquer l’heure de midi, la foule se croise généreusement tandis qu’un mystérieux pickpocket fait son office sournoisement. Toutes les victimes se retrouvent bientôt dans les bureaux de l’inspecteur Dormoy pour faire leurs réclamations. C’est ainsi que dans le lot ce dernier trouve son ami Jean-Baptiste Bidegain, totalement affolé. Ce dernier lui annonce le vol d’une sacoche contenant des documents très importants appartenant au Grand Orient de France qui, s’ils tombaient entre de mauvaises mains, pourraient ébranler les fondements de la troisième République. Le lendemain, Jules dispose des éléments à lui au pied de la Tour Eiffel pour veiller au grain. Malheureusement, rien n’y fait, le ou les voleurs ont encore agi en toute impunité. Même Jules a été délesté de son portefeuille.

Par phibes, le 6 septembre 2021

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Notre avis sur La petite voleuse de la Tour Eiffel

Reprenant le cadre parisien de la belle époque, Jack Manini, Hervé Richez et David Ratte se retrouvent comme promis pour nous intéresser à une deuxième romance avec cette fois-ci en toile de fonds un scandale d’Etat. Nous quittons donc le couple formé par Camille et Valentine pour assister à l’émergence d’un autre (celui de Jules et de Juliette) dont on va découvrir l’histoire.

Se déclinant en 3 actes et se fondant subtilement dans le cadre dressé dans le premier volet, cette aventure romantique reste des plus agréables à lire. Tout en nous distrayant sur cette rencontre atypique entre deux jeunes gens aux prérogatives contraires et aux particularismes charitables, elle a le privilège d’être mêlée de très près à l’affaire des fiches sous la Troisième République, un scandale politique perpétré au début des années 1900 par le ministre de la Guerre du gouvernement Emile Loubet. Grâce à l’évocation de ce fait historique, Jack Manini construit une équipée qui reste assurément à la fois solide dans ces fondements et légère dans le jeu sensible du couple Jules et Juliette.

Cette représentation romantique passe comme précédemment par le trait doucereux et tout en finesse de David Ratte. Ce dernier reste fidèle à cet univers historique de la première heure, nous permettant au passage de croiser des personnages déjà rencontrés dans Le canonnier de la Tour Eiffel. Une fois encore, on pourra apprécier la sensibilité de son dessin, la bonhomie de ses protagonistes, la rigueur qu’il emploie pour croquer les décors de Paris, les personnalités réelles…

Un très joli moment de lecture dans un cadre historique et une affaire politique remarquablement restitués.

Par Phibes, le 6 septembre 2021

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