La promesse

Avant de vous lancer dans la lecture de ce recueil de nouvelles, je vous recommande la lecture d’Une vie dans les marges de Yoshihiro Tatsumi (Cornelius) afin de mieux appréhender les enjeux misent en scène par Shôhei Kusunoki.

Publiées dans les années 60 et début 70 dans la revue Garo, les courts récits de Shôhei Kusunoki (qui avait alors un peu plus d’une vingtaine d’années pour les premiers nouvelles) s’ancrent à la fois dans le manga et le gekiga, sans pour autant se fondre ni dans l’un ni dans l’autre. Du gekiga il empreinte cette volonté de parler de réel, du monde qui l’entour sans pour autant s’inscrire dans un réalisme rigoureux. Du manga il conserve pour plusieurs de ses histoires la dimension humoristique et caricaturale. Et sur l’ensemble ce recueil un peu inégal on retient tout de même la lancinante mais néanmoins élégante mélancolie qui imprègne chacune des planches de l’auteur et qui peu difficilement laisser indifférent. Shôhei Kusunoki choisit les voies de la satire ou du conte pour exprimer son regard sur le Japon d’après guerre dévasté dans lequel il grandit. Son univers triste mais jamais abattu est porté par un graphisme qui aujourd’hui peu sembler suranné, mais qui si on s’y penche avec intérêt dévoile une grande modernité notamment en terme de mise en scène. Très cinématographique, elle met en avant l’image comme expression première : l’une des préoccupations premières du maître du gekiga Yoshihiro Tatsumi.

Par melville, le 29 novembre 2011