La république du catch

(Manga prépublié entre juillet 2014 et janvier 2015 dans la revue japonaise Ultra Jump)
Mario est un marchand de piano mélancolique, bigleux et vraiment très petit, à tel point qu’on ne le prend jamais réellement au sérieux, surtout pas sa famille de mafieu, et plus particulièrement son neveu Enzo qui tire les ficelles de tout ce petit monde de magouilles. Lorsque ce dernier essaye néanmoins de piéger son oncle en le précipitant entre les pattes du machiavélique Piccolo, une tête montée sur un appareil à roues qui lui permet de se déplacer, Mario réussit tant bien que mal à se débarrasser de son poursuivant et avec l’aide de ses amis fantômes il envisage d’aller prendre sa revanche…

Par fredgri, le 23 avril 2015

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Notre avis sur La république du catch

Le grand retour de Nicolas de Crecy qui n’arrête finalement pas de s’arrêter et de revenir et c’est franchement tant mieux. Car cet album est un vrai bonheur de lecture.
On entre de plein fouet dans un univers complètement décalé ou ce drôle de héros, Mario, pas plus haut que trois pommes, avec ses lunettes triple foyer, vit dans l’illusion qu’un jour il pourra séduire Bérénice une jeune catcheuse qui l’ignore, qui ne rêve qu’à Atlas, le grand balaise… Son seul ami c’est un manchot mélomane et muet qui joue au piano dans son magasin !
On pourrait rêver à un meilleur début en tant que personnage BD, c’est vrai ! Et pourtant, très vite on se dit que Mario est tout à fait l’archétype du personnage De Crecien (oui j’invente, soyons fou !) par excellente, ces losers pathétiques et fragiles, complètement en marge de ce qui les entoure, qui réussissent néanmoins à se construire, à réunir autour d’eux d’autres marginaux et progressivement à devenir maîtres de leur destin !

Car même si Mario est totalement largué par tout ce qui lui arrive, par cette violence, par cette famille de scélérats et même par l’amour qui lui est refusé il se reconstruit petit à petit, se retrouve de nouveaux repères et par extension une nouvelle famille. De Crecy pose toutefois un regard à la fois apitoyé sur ce drôle de bonhomme, sans pour autant l’épargner. Il n’est ici nullement question d’aller s’illusionner, mais de pousser le minuscule homme à s’extrapoler…

Alors, entre bébé hyper précoce, manchot pianiste, fantômes catcheurs, boule de cheveux vivante… Nicolas de Crécy nous propose un album jubilatoire ou son imagination semble sans limite. C’est drôle, parfois triste, il y a des combats, des courses poursuites, c’est bizarre, complètement dingue, mais touchant à la fois. Car ce héros qui se débat devant nous transpire l’émotion, une sorte de mélancolie résignée et naïve qui sert de leitmotiv pour tout le reste.

De plus, ce qu’il y a de bien avec cette histoire c’est que lorsqu’elle commence personne ne peut réellement dire ou elle va nous mener. Elle est bourrée d’imprévues, de rebondissements incroyables qui redistribuent régulièrement les cartes. On sent bien que le découpage en épisodes a "imposé" un rythme très soutenu, mais d’un autre côté je trouve aussi que De Crecy dose très adroitement les moments plus intimistes, les respirations ! 200 pages de pur bonheur, rehaussées par une couverture qui se déplie et qui laisse découvrir un poster grand format, ultime surprise de cet album que je vous conseille vivement !

Par contre, je découvre que les planches parues au Japon étaient en couleur et je regrette que cette version nous ai été restituée en noir et blanc. Étant donné la qualité des teintes de De Crecy c’est un choix que je trouve regrettable !

Par FredGri, le 23 avril 2015

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