La revanche de Bakamé

En pleine coupe d’Afrique des Nations, l’équipe nationale des Imibu s’apprête à jouer un match décisif contre la République du Bon Voisinage. Malheureusement, l’avion qui les amène sur le lieu de la rencontre s’écrase en pleine jungle, plongeant dans la consternation le pays tout entier et surtout les parieurs invétérés. Ces derniers, ulcérés par le fait qu’ils ne peuvent plus récupérer leurs mises, n’ont qu’un seul désir : faire payer quelqu’un. Et ce quelqu’un, ce sera Mpyisi la Hyène, car dans son malheur, les autorités ont découvert, lors de leurs investigations sur l’avion crashé, que l’un des réacteurs défectueux avait été remplacé par le moteur de sa propre voiture. Fort de cette information, les parieurs en colère investissent pendant son absence la maison familiale de Mpyisi et la dévastent complètement tout en se vengeant sur sa femme et son fils. Hors de lui, il se décide à chercher les responsables de cette agression et plus particulièrement celui qui est à l’origine de tous ses maux : Bakamé. Mais pour ce faire, il va devoir solliciter l’aide de Bwana Kero, le terrible sorcier blanc.

 

Par phibes, le 7 août 2010

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Notre avis sur La revanche de Bakamé

Réalisé par deux auteurs d’origine nordique (belge pour Jeroen Janssen et hollandais pour Pieter Van Oudheusden), cet ouvrage se révèle d’une épaisse consistance fourmillante et multicolore. Que diable ! Près de 320 pages d’une narration débridée et dépaysante viennent conter les péripéties malheureuses de Mpyisi la hyène, malmené par un personnage retors représenté par le fameux Bakamé, le lièvre, et dont la vengeance va passer entre les mains d’un sorcier bizarre.

Si l’entrée en matière (qui pourrait s’apparenter à une fable de La Fontaine qu’on aurait pu intituler "Le lièvre et la hyène") soulève une certaine crainte due à la luxuriance étouffante des planches, il n’en demeure pas moins que le lecteur retrouvera, au bout de quelques vignettes, son chemin sans avoir à utiliser la machette. Oui, car cette adaptation personnalisée d’une fable africaine se lit aisément via des phylactères irrégulièrement positionnés, gonflés de dialogues directs et imagés, et des découpages éclatés, anarchiquement réalisés.

De fait, dans ce méli-mélo scénaristique et graphique, on y découvre une communauté africaine très bigarrée, emberlificotée dans un brassage de personnages masculins "animalisés" entourés de femmes généreuses. Pieter Van Oudheusden y octroie une intrigue burlesque aux ambiances "vaudouesques" et à la finalité acidifiante, au gré de laquelle les évènements prennent des dimensions d’une cocasserie extrême presque caricaturale, où le sexe a toute sa place et où les histoires de chacun ont leur intérêt pour être contées.

On sent pertinemment que Jeroen Janssen a bénéficié d’une certaine influence de son périple rwandais. L’univers graphique dont il est porteur est synonyme de représentation à l’africaine, métaphorique, grouillante et décalée. Faisant abstraction de la rectitude habituelle des vignettes et des règles du dessin conventionnel, il laisse courir sur chaque planche son trait noir épais, dans une fioriture abondamment sombre et dans une recherche du détail évocateur. Il fait fi des proportions de ses personnages qu’il croque dans un pastiche sciemment exagéré, noyés dans des ambiances acides et hyper colorées ensorcelantes.

Une fable touffue, décapante et hors norme, nappée d’un coulis fantaisiste de culture africaine à découvrir instamment chez les Editions La boîte à bulles.

 

Par Phibes, le 7 août 2010

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