La tomate

Dans cet hypothétique futur l’alimentation est devenue entièrement réglementée par des multinationales qui produisent et fournissent tout ce qu’il faut pour les citoyens, si bien que tout résidu du passé est prohibé et qu’il est devenu strictement interdit de cultiver ses propres semences.
Après avoir découvert des graines de tomate et avoir, par curiosité, osé les faire pousser chez elle, Anne se retrouve devant les tribunaux, accusée de mettre en danger l’équilibre de la société… !

Par fredgri, le 10 janvier 2018

Notre avis sur La tomate

Ce nouvel album de Régis Penet, accompagné par Anne-Laure Reboul dont il s’agit du premier scénario, nous entraîne dans un futur angoissant, dans la lignée de SOS Bonheur, 1984 ou Bienvenue à Gattaca ! Il s’interroge sur les dérives de notre société moderne et la main mise des sociétés privées sur le destin des citoyens, quitte à faire du révisionnisme et interdire toute liberté individuelle.

D’un simple élément, une tomate, le récit se construit sur l’inquiétude qui grandit. Tout d’abord du côté des autorités qui voient dans cette simple interférence une remise en question de leur autorité et donc de son fonctionnement. Ensuite, du point de vue de l’héroïne qui veut simplement assouvir une curiosité innocente, le bonheur de "cultiver son jardin secret", littéralement !

Bien sur, comme dans tout récit de ce genre, les traits sont exagérés, voir même caricaturaux. Les gens acceptent les règles de cette société tyrannique, ses restrictions et cette façon de réécrire la réalité, sans s’interroger plus que ça sur son absurdité la plus dramatique !
On peut bien sur y voir un doigt tendu vers nos sociétés endormies et passives qui acceptent même l’inacceptable. Ce plan de tomate n’est avant tout qu’un symbole, une tache colorée dans ce paysage gris, au même titre que le manteau rouge qu’Anna porte tout du long lorsqu’elle traverse les zones urbaines déshumanisées. Ce rouge c’est l’envie, la vie, ce qui se glisse progressivement dans cette monotonie, qui amène la jeune femme à sacrifier ses maigres rations d’eau.
Dans ce geste, elle tente surtout de ne pas perdre complètement son libre arbitre, tandis que petit à petit émerge en elle la nécessité de s’exprimer, d’être naturelle, et pourquoi pas même de se rebeller !

Toutefois, j’aurais aussi tendance à trouver que le cadre n’est réellement pas assez travaillé dans l’ensemble. On ne fait qu’effleurer la réalité de ce monde, ses enjeux. On comprend que c’est interdit de cultiver ces tomates, mais on ne comprend pas réellement pourquoi, fondamentalement, ça parait surtout un tantinet absolutiste et incohérent ! Comme le fait de détruire les derniers résidus du passé, par exemple !

Donc le sentiment d’un album qui aurait pu aller plus loin, de manière plus approfondie et qui reste en surface, globalement !

Malgré tout le propos est vraiment intéressant, et rien que pour ça, je vous en conseille la lecture !

Par FredGri, le 10 janvier 2018

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