La traversée

Le monde a été frappé par une catastrophe de grande ampleur au point qu’il en a gardé de profondes cicatrices. Parti du sud, un homme se prénommant Glenn parcourt le pays totalement dévasté afin de rejoindre sa petite famille résidant au nord. Alors qu’il fait une halte pour se restaurer dans une maison abandonnée, il y découvre Ann, une petite fille dont le père est décédé depuis peu. Naturellement, il lui propose de l’emmener avec lui afin d’assurer sa protection contre les raids de détrousseurs isolés et sans scrupule. Mais la route est encore longue et les rencontres qu’ils sont appelés à faire n’ont réellement rien d’engageant.

 

Par phibes, le 6 mars 2011

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Notre avis sur La traversée

Pour sa première bande dessinée, Jérémie Royer, jeune artiste qui a participé aux collectifs 13m28 et Phantasmes, se lance dans un récit aux ambiances fantastiques post-apocalyptiques. En effet, La traversée nous entraîne dès la première planche dans une vision surnaturelle et chaotique de notre monde à la Mad Max, peuplé par une poignée de rescapés qui tentent de survivre isolément ou en communautés organisées.

C’est sous la forme d’un road-movie auquel le lecteur est entraîné, assuré par un personnage quelque peu taiseux mais plein de bons sentiments. Glenn prend la place du héros, vite rejoint par son homologue féminine, Ann, avec laquelle il va partager son aventure de globe-trotter.

Jérémie Royer gère son récit aux intonations sombres et limité en dialogues, avec une simplicité et une fraîcheur sympathique. Sans rentrer dans une débauche d’effets spéciaux, il conte d’une manière assez nature et linéaire les péripéties voyageuses de ses deux personnages Les rencontres sont nombreuses et viennent casser la monotonie de l’errance de ces derniers. Les quelques touches d’humanité suscitées par Glenn et Ann sont confrontées à l’avidité d’autres rescapés ou de communautés fanatiques, dans une association appréciable qui n’est pas sans rappeler celle  induite par les aventures de Jeremiah d’Hermann.

Graphiquement, l’artiste reste dans une évocation épurée. Semblant privilégier le message pictural aux phylactères surgonflés, son trait, un tant soit peu hésitant, est très plaisant quant à la représentation des larges décors désertiques qui s’étendent sur ses nombreuses planches (d’une ou plusieurs vignettes). Là aussi, les effets sont limités, juste suffisants pour camper les ambiances d’un territoire à la dérive, totalement dévasté. Ses personnages ont un certain charisme, dotés de réflexion intime que l’on perçoit assez facilement dans leurs mimiques.

Un one-shot sympathique de par ses ambiances post-apocalyptiques sombres qui ouvre la voie à un nouvel auteur dont le travail reste à surveiller.

 

Par Phibes, le 6 mars 2011

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