La truie, le juge et l'avocat

Quand un cavalier a trouvé la mort en pleine ville après être tombé de son cheval, la truie qui était à l’origine de l’accident fut recherchée puis mise en prison afin d’être jugée devant un tribunal.

Un pauvre hère, avocat déchu dormant dans la rue, a vu là l’occasion de reprendre du service. Après s’être présenté chez le porcher et lui avoir proposé ses services, il a mené son enquête et fait en sorte que lui soit confiée la défense de l’animal…

Par sylvestre, le 6 juin 2023

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Notre avis sur La truie, le juge et l’avocat

Certains animaux étaient jugés lorsqu’ils commettaient quelque crime, au Moyen-Âge ! Ju-gés ! Oui Madame ! Amusant, hein ? Rien que pour cette information, sur laquelle on ne sera pas forcément tombé par hasard au gré de nos errances sur internet, on remercie le scénariste Laurent Galandon ! Des choses comme ça, originales de nos jours bien qu’à une époque elles ne le fussent pas, sont en effet plaisantes à découvrir, ne serait-ce que pour briller en société.

A donnée d’entrée originale, scénario original aussi ?! Et c’est ainsi que dans La truie, le juge et l’avocat, on suit l’étonnant destin de cette malheureuse truie avec comme angoisse de départ qu’évidemment, un animal ne peut pas parler, et ne peut donc pas se défendre non plus.

L’autre héros de cette histoire, c’est l’avocat de la défense, dont le destin va être bouleversé par cette aventure. A la rue pour des raisons qu’on apprendra lorsque ses détracteurs chercheront à savoir qui il est vraiment, il profitera de cet événement pour ré-exister.

Le procès et son déroulement ne se seraient pas passés comme ils nous le sont racontés dans cette BD si « notre avocat » n’avait pas pointé le bout de son nez : le sort de la pauvre bête aurait dans ce cas été scellé bien plus rapidement par les humains à qui il revenait au départ de prononcer la sentence ! Choix scénaristique pour qu’une histoire existe et vaille la peine d’être contée ? Oui da ! Car un procès à charge aurait été expédié et la bande dessinée y aurait assurément perdu de son intérêt.

Avec une véritable défense pour la truie, le récit pouvait ainsi continuer. Or, un avocat simplement sensible à la cause des animaux aurait peut-être pu faire l’affaire de manière conventionnelle. Mais là encore : choix scénaristique. Plutôt que de rester dans le conventionnel, Laurent Galandon a opté par le biais du personnage de son avocat pour un « levier » relevant – disons – du fantastique.

Cette option pourrait être perçue comme une facilité, et en effet, c’en est une ! Voilà donc qui pourrait décevoir les amateurs d’histoires authentiques… Mais la sorcellerie (allez, oui, lâchons le morceau), tout comme les jugements d’animaux, est une particularité qu’on associe volontiers au Moyen-Âge. Alors, pourquoi pas !? Et ainsi le lecteur admet plus facilement qu’elle ait son rôle à jouer dans l’histoire qui, soit dit entre nous, tient au final plus de la fable que du reportage. Et passe donc un très bon moment de lecture !

Un contexte historique original, un traitement dramatique ne s’interdisant pas un certain humour, un dessin et des couleurs signés Damien Vidal « matchant » avec le propos et une issue pleine de surprises… Tout cela est à déguster dans cette très plaisante bande dessinée. Bravo !

Par Sylvestre, le 5 juin 2023

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