LA VEUVE
Au début du 20ème, au cœur des rocheuses canadiennes sauvages, une jeune femme déguenillée court à en perdre haleine. Poursuivie par deux hommes armés, elle atteint les rives d’un fleuve et parvient à le traverser grâce à l’indulgence du passeur. Elle finit par se retrouver aux abords d’un village et se réfugie dans une église. Après s’être assoupie, elle se découvre en plein office et s’enfuie pour tomber dans la rue sur une vieille dame charitable qui lui propose de la nourrir et de l’héberger. C’est lors de sa toilette qu’elle avoue être partie de chez elle après avoir accouché et perdu son bébé. Qui est-elle vraiment ? Que lui reproche-t-on ? Pourquoi est-elle pourchassée sans relâche par deux hommes armés ? Ce qui est sûr, c’est que dans sa fuite, la jeune femme va faire des rencontres qui vont assurément l’éclairer sur ce qu’elle veut vraiment…
Par phibes, le 12 janvier 2025
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Scénariste :
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dessinateur :
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Éditeur :
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Sortie :
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ISBN :
9782344047514
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Notre avis sur LA VEUVE
Après Une histoire corse parue en 2018 et divers récits pour la jeunesse dans sa saga Les dragons de Nalsara, l’auteur nantais Glen Chapron prend possession du roman de Gil Adamson (paru en 2019) pour le restituer dans une forme illustrée. Cette initiative lui donne l’occasion de libérer son talent au profit d’une œuvre inquiétante aux accents westerniens mettant sur le fil du rasoir la destinée d’une jeune femme du tout début du 20ème siècle.
Dès le départ, nous rentrons dans le feu de l’action, celle d’une course effrénée effectuée par une jeune femme qui fuit un danger. Ce danger, nous le découvrons rapidement par l’intervention de deux hommes qui ont des intentions bien arrêtées vis-à-vis de celle qu’ils recherchent. Evidemment, le questionnement est de rigueur sur les raisons d’une telle poursuite. Comme il se doit, les réponses suivent, à doses homéopathiques, subtilement disséminées dans les quelques dialogues qui entourent les personnages.
Cette course-poursuite déchaînée via un découpage qui sied à la dynamique de l’histoire est synonyme de rencontres multiples, et ce à des degrés divers. Entre générosité, amour et brutalité, la fuyarde joue des coudes pour nous entraîner vers l’inconnu. A la fois fragile et volontaire, elle se veut captivante dans son comportement qui, bien sûr, cache des drames familiaux que l’on va découvrir au fil des pages et qui vont déclencher pour le lecteur une véritable soif de vérité.
La partie graphique réalisée par Glen Chapron se veut en adéquation avec cette aventure sauvage. Ayant opté pour un travail en noir et blanc, l’artiste nous offre une vision rude du fameux ouest canadien, battu par le froid. L’encrage fourmillant qu’il utilise se veut volontairement appuyé, associé de temps à autre à des lavis aux effets mesurés. Dans ce clair-obscur mis en application, les paysages se révèlent dans leur beauté, leur profondeur, leur froideur, leur immensité boisée. Côté personnages, la restitution de ces derniers est moins rigoureuse mais suffit à bien capter les expressions, qu’elles soient tendues ou libérées. Il ne fait aucun doute que la jeune femme reste des plus attachantes dans sa débandade et dans ses décisions d’indépendance.
Une adaptation très efficiente sur le roman de Gil Adamson, à la fois sombre, inquiétante et révélatrice. A découvrir !
Par Phibes, le 12 janvier 2025
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