La vieille anglaise et le continent

Pas si loin que ça, dans le futur, des scientifiques viennent de mettre au point la transmnèse : le transfert de l’esprit dans un nouveau corps.
L’un de ces scientifiques, le professeur Sénac, vient alors rendre visite à son ancienne professeur, Ann Kelvin, mourante, une écho-activiste extrêmement riche qui vit ses derniers mois. Il lui propose de transférer son cerveau dans le corps d’un grand cachalot, afin d’étudier, grâce à certaines sondes, les comportements et les migrations de son espèce, mais aussi, de leur transmettre aussi un puissant virus qui devrait progressivement rendre leur chair inconsommable pour les humains. Ils espèrent ainsi éloigner au fur et mesure les pirates chasseurs de baleines et les sauver de l’extinction.
Malheureusement, le succès de l’opération attire aussi le regard de grands groupuscules qui voient dans cette technique le moyen de s’enrichir en permettant aux plus riches de vivre plus longtemps…

Par fredgri, le 23 août 2023

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Notre avis sur La vieille anglaise et le continent

L’idée initiale peut surprendre, permettre à une vieille anglais très riche de transférer son cerveau et sa personnalité dans le corps d’un jeune cachalot… Cependant, au fur et à mesure de la lecture, on découvre que par le biais de cette idée on commence par appréhender le cadre de vie de cette espèce extrêmement menacée par les campagnes de pêche illégales. On voit « l’héroïne » se déplacer, découvrir la réalité de son existence, désormais. Elle qui vivait jusque là dans un cadre très terre à terre, doit désormais apprendre à se nourrir, à évoluer dans les eaux profondes, voire même à se défendre contre les menaces sous-marines, comme les pieuvres géantes, par exemple.
Petit à petit, on comprend les enjeux du scénario, les raisons majeures de cette mission qui est confiée à Ann et finalement pourquoi elle a accepté. Si jusque là, il pouvait sembler que l’album nous proposait une « belle balade » dans les profondeurs aquatiques, il apparait très vite que le propos est bien plus complexe, qu’il est certes question de préservation des espèces menacées, mais qu’en substance, l’intrigue nous interroge aussi sur notre rapport à la science et cette volonté de dépasser notre propre enveloppe humaine, quitte pour cela à ne considérer la population que comme une immense banque de corps.

Toutefois, il est bel et bien question de la préservation d’êtres vivants et des dérapages que les « prédateurs » humains commettent au détriment de la planète et tout ce qui fait sa biodiversité.

Adapté du roman de Jeanne A. Debats, le scénario alterne très adroitement les séquences se déroulant au présent et d’autres, quelques mois auparavant, alors que la vieille dame découvre les enjeux de ce transfert au fur et à mesure de la présentation du professeur Sénac et la réalité financière qui en résulte aussi, avec les décideurs derrière l’opération. On est ainsi sensibilisé aux différentes problématiques qui sont développées dans ces pages et je dois bien dire que c’est particulièrement captivant de suivre l’évolution d’Ann, ses rencontres, sa « réincarnation » en mâle, sa perception du danger, la proximité qui la lie aux autres et plus particulièrement ce mâle Dixi…

Graphiquement, c’est du très beau travail, même si je trouve que parfois, le dessin est assez figé, surtout quand il est question des êtres humains. Mais je chipote, car les planches sont vraiment très belles.

Un album surprenant qui ne laisse absolument pas indifférent.

Très conseillé.

Par FredGri, le 10 août 2023

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