La vision de Bacchus
Venise en 1510, la peste fait des ravages et le peintre Giorgione s’éteint progressivement. Son disciple, le futur "Titien", prévient alors son ancien maître le peintre Giovanni Bellini qui se rend à la porte de Giorgione pour lui faire un dernier adieu. ce dernier lui confie qu’il travaille avec acharnement sur son ultime tableau au travers duquel il souhaite réussir à reproduire la force des tableaux d’un des plus grands peintres italiens qui jadis fascina toute l’Italie, Antonello de Messine… Bellini se souvient alors de l’engouement pour cet artiste qui anima, à partir de 1475, la grande bourgeoisie de Venise…
Antonello arrive à ce moment là, avec son fils, pour livrer une commande à Antonio Pasqualino. Il découvre la ville tandis que petit à petit sa réputation grandit, en même temps que les commandes commencent à affluer. Des rivalités artistiques se créent (plus particulièrement avec Bellini) et un soir, un homme vient le voir pour lui passer une étrange commande, peindre sa jeune femme nue, afin de pouvoir conserver la fraîcheur de sa beauté. Mais cette commande trouble l’artiste…
Par fredgri, le 15 mars 2014
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Scénariste :
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dessinateur :
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Coloriste :
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Éditeur :
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Collection s :
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Sortie :
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ISBN :
9782756023335
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Notre avis sur La vision de Bacchus
"La vision de Bacchus" nous invite à redécouvrir le monde de l’Art vénitien en pleine Renaissance italienne. Nous entrons ainsi dans les ateliers des grands maîtres et plus particulièrement celui du peintre prodige, Antonello de Messine !
Tout l’album traite principalement de la fascination que l’œuvre du maître provoqua à son époque. L’artiste revient de Belgique ou il a rencontré Jan van Eyck, le grand peintre flamand. Il ramène avec lui de nouvelles techniques de peinture à l’huile et expérimente le procédé de la chambre noire. Il en résulte ainsi un réalisme transcendé et une luminosité, alliée à un étonnant effet de transparence qui bouleverse le monde de l’Art de l’époque ! Jean Dytar s’attarde alors sur la technique, sur les émotions que provoquent cette peinture, notamment chez Antonello lui même. L’auteur arrive à transmettre cette incroyable subtilité sans véritablement montrer les œuvres du peintre, sans non plus trop tenter de les réinterpréter, mis à part deux ou trois passages ou il nous montre le processus, l’évolution d’un tableau !
Et progressivement nous nous laissons séduire à notre tour par cette évocation. L’auteur mêle ces diverses destinées, induit qu’Antonello serait la source d’une multitude de ramifications, qu’un de ses tableaux aurait inspiré Giorgione, que l’ultime œuvre de ce dernier aurait été ensuite fini par le Titien..
Je ne suis pas assez pointu en histoire de l’Art, néanmoins en fin de volume on retrouve toutes les références bibliographiques qui ont permis à Jean Dytar de construire son intrigue, à faire ses hypothèse, c’est passionnant ! Il en résulte une incroyable cohérence d’ensemble, une cohérence qui donne ensuite très envie d’aller creuser le travail des uns et des autres. Le scénario s’articule donc autour de ces années vénitiennes, des amours du peintre et de l’influence de la vie sur l’Art. C’est passionnant, d’autant que la mise en scène est d’une incroyable fluidité, rendant un bel hommage, tant par le fond que par la forme, à cette période de l’histoire qui vit fleurir de nombreux chefs d’œuvre qui révolutionnèrent à jamais le monde de l’Art, rompant ainsi avec le moyen âge !
Il y a donc beaucoup d’érudition dans cette évocation, sans jamais, pour autant, sombrer dans l’étalage, dans l’hermétisme. Le récit reste extrêmement accessible, voir même des plus didactiques, devenant presque à certains moments une initiation aux grands maîtres.
Bien sur, on devine bien que tous ne peuvent pas être traités avec la même intensité, que devant le temps passé aux côtés d’Antonello de Messine, voir même un peu vers Giovanni Bellini, on ne fait effleurer les personnalités de Giogione, du Titien. Mais qu’importe car, pour le coup, ce qui reste palpable c’est la vision du peintre, cette étincelle qu’il tente de retranscrire dans ce mystérieux tableau qu’on ne verra finalement jamais…
Un très bel album qui laisse une très agréable impression une fois refermé. Très conseillé si vous voulez redécouvrir tout un pan de l’art vénitien, sublime période pleine de véritables trésors d’émotion…
D’ailleurs j’encourage le lecteur à aller faire un tour sur le site de Jean Dytar , l’artiste développe ses réflexions sur l’Art, sur les oeuvres mises en scène dans l’album, montrant même quelques planches inédites. C’est le parfait accompagnement à cette lecture et c’est surtout incroyablement enrichissant de replonger dans cette histoire de l’Art commentée de façon aussi érudite !
Par FredGri, le 15 mars 2014