La voix des bêtes la faim des hommes

Brunehilde est ce que l’on appelle, en ces temps reculés, une « meneuse de loups ». Elle voyage au gré des sentiers, accompagnée par son chien loup Loupiot, proposant ses talents de guérisseuse, de dresseuse. Sur sa route, elle croise un jour Paulin, un vagabond qui va lui aussi de village en village, vendant ses breloques, vivant au jour le jour. Ils font un bout de route ensemble, quand soudain ils entendent une rumeur qui leur parle de meurtres extrêmement violents d’enfants, on soupçonne une meute de loup, mais Brunehilde sait très bien que ça n’a rien à voir avec les loups, qu’il y a un assassin qui rode et qui frappe la nuit… Qui est-il ?

Par fredgri, le 6 juin 2023

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Notre avis sur La voix des bêtes la faim des hommes

Nous nous retrouvons quelques part en France, un peu avant l’An mille, un âge ou le Christianisme et les croyances païennes s’affrontent dans les campagnes, mais ou l’on croit en ces anciens esprits, ces pratiques ancestrales liées aux plantes, aux objets.
Dès les premières pages, on glisse dans une intrigue particulièrement captivante, dans les traces de la mystérieuse Brunehilde et son chien à la poursuite d’un tueur d’enfants. En parallèle, nous découvrons au fur et à mesure la folie de cet assassin, ses visions angéliques dans lesquels il perçoit un message divin qui lui ordonne de tuer pour annoncer l’apocalypse. C’est parfois assez tordu, il faut bien l’admettre, mais ces visions sont tellement éclatantes, qu’elles donnent lieu à des pages absolument magnifiques et inquiétantes.

Sans en avoir l’air au début, Thomas Gilbert pose un regard très personnel sur une époque trouble, menées par la violence, l’extrême pauvreté et la superstition la plus primitive. Il rythme un scénario habile et complexe, mené par une héroïne très attachante qui refuse de respecter les règles de ce monde d’homme, tout en n’abordant pas son aventure comme une rebelle. C’est une jeune femme forte et décidée, qui n’a besoin de personne pour mener sa barque, avec courage et détermination.

Peut-être que dans ces meurtres crapuleux, reconnait-elle l’enfant qu’elle fut jadis, impuissante face à la violence des autres, et c’est certainement pour cette raison que cette histoire la passionne autant. On la suit donc tout au long de son périple, poussant ses recherches, suivant des pistes, en marge du monde qui l’entoure.

Thomas Gilbert s’est certes beaucoup documenté, il ne nous sert pas, pour autant, un récit historique froid et hermétique. Non, c’est une aventure qui nous attend, une plongée au cœur d’un moyen-âge obscurantiste et intrigant.
On est tout de suite séduit par le rythme de l’histoire, de l’écriture qui prend son temps, mais qui reste assez dense globalement !

Un album troublant, une vraie bonne surprise que je ne saurais assez vous conseiller.

Par FredGri, le 5 juin 2023

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