Lâcher Prise

Miriam Katin est une juive hongroise née en 1942. C’est-à-dire qu’elle a fui le nazisme dans les bras de sa mère, alors qu’elle portait encore des couches. Emigrée de la Hongrie depuis 1956 (voir sa précédente BD Seule Contre Tous) et New-Yorkaise depuis 1962, c’est un véritable bouleversement lorsqu’elle apprend qu’un de ses fils souhaite s’installer à Berlin. Le coup de massue tombe lorsqu’il lui parle de prendre la nationalité hongroise afin d’être reconnu comme citoyen européen. Cela représente trop de souvenirs, trop de mauvais souvenirs pour qu’elle accepte et approuve la situation. Son mari et sa propre mère ont beau montrer une certaine indifférence, rien n’y fera. Voyant dans quel état elle se retrouve, Ozan (le fils) finira par abandonner le projet de naturalisation et jettera les papiers à la poubelle.

Par Placido, le 13 février 2014

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Notre avis sur Lâcher Prise

Lâcher Prise est une BD réussie. Mais selon le type de lecture que l’on affectionne, on peut la trouver autant belle que complètement ennuyeuse. Il faut simplement bien savoir à quoi s’attendre : on est en plein dans de l’intimisme, complètement autobiographique et cela n’ira pas plus loin que l’histoire de Miriam Katin qui déprime de savoir son fils installé à Berlin puis qui redoute d’aller lui rendre visite. Donc pour ceux qui ne serait pas emballer par l’idée, sachez qu’il n’y aura rien de plus, mais pour les autres, ce sera déjà beaucoup.

Car il y a de la matière, dans ce Lâcher Prise. 152 pages crayonnées couleur, entre l’appartement New-Yorkais et les musées de Berlin, où Miriam se tracassera, s’égaiera, se bouleversera et se rassurera, aidée par son mari, sa mère et ses quelques amies. On assiste à un réel travail sur soi, à la limite de l’auto-psychanalyse, extrêmement sincère et forcément plein de justesse. Et malgré un sujet et un complexe à mille lieues d’être léger, l’auteur injecte dans sa BD beaucoup d’humour et d’autodérision.

La mise en scène est particulièrement intéressante, les traits épais de l’auteure sont plein de vie, tout en mouvement. La musique et les décors sont très représentés, c’est aussi un dessin qui fait la part belle au comique (on aura d’ailleurs droit à une page entière consacrée aux pigeons new-yorkais, profondément drôle). Un graphisme bien équilibré, riche mais agréablement facile à lire.

Une BD contre les idées reçues, contre les vieilles façons de penser et de croire qui n’ont plus de raisons d’être, et définitivement pour un avenir optimiste, sans oublier le vergangenheitsbewältigung : la confrontation avec le passé.

Par Placido, le 13 février 2014

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