LANFEUST ODYSSEY
Le delta bilieux

Suite à un épisode particulièrement mouvementé qui permettait à Lanfeust de tuer la part noire du Magohamoth absorbée par la sinistre Lilth, de retrouver, grâce au témoignage de Riplëh enfin son innocence et aussi de perdre son compagnon d’aventures Hébus, ce sixième volet relance l’équipée troyenne par une nouvelle avalanche de péripéties.

Christophe Arleston est loin d’avoir tout dit dans cette saga qui, il faut le signaler en passant, est prévue en dix épisodes. Le scénariste continue patiemment et sûrement à jouer sur les circonvolutions audacieuses de son personnage fétiche, s’éloignant certes de ceux qui l’ont accompagné durant les deux premières saisons (Lanfeust de Troy et Lanfeust des étoiles) et lui octroyant d’autres camarades de voyage.

La quête ébauchée dans le ventre du Magohamoth se poursuit donc cette fois-ci dans un autre secteur de Troy, au delta du fleuve Bilieux, là où de nouvelles découvertes sont à prévoir. Ces dernières ne manqueront pas de susciter quelques bonnes surprises qui tisseront un certain lien avec la saison 2 et d’installer une petite intrigue autour du village de fer et des créatures des marais. En parallèle, on suivra Hébus (séparé de Lanfeust) à Eckmül, dans une intervention ô combien surprenante. En effet, Christophe Arleston lui offre l’occasion de se cultiver (étonnant pour une boule de poils primaire ?) et prendre une part active dans la sauvegarde de la cité des sages et du légendaire Magohamoth.

Il va de soi que les deux histoires simultanées restent dans la veine des précédentes, à la fois énergisantes, rebondissantes et amusantes. Le scénariste joue abondamment sur les nombreux ressorts de la saga, dans une simplicité artistique délectable, utilisant des dialogues piquants, des jeux de mots toujours aussi « lourdingues », des scènes tantôt un tantinet grossières, tantôt coquines, et évidemment, le résultat est là. On rit bien volontiers, les déambulations complètement folles des héros et de leurs compagnons restent appréciables et toujours aussi distrayantes.

La partie graphique se veut également de qualité. Là aussi, Didier Tarquin nous assure d’une prestation qui conjugue dérision et exotisme, dans des élans de fantasy purement maîtrisés. La richesse des décors témoigne d’un travail remarquable. Côté personnages, l’on peut concéder que l’artiste gère avec brio leurs attitudes, leurs expressions, leurs caractéristiques magiques, leurs travers, dans des effets parfaitement convaincants.

Un sixième tome sur une aventure aux rouages bien huilés que les adeptes de cet univers magiquement décalé ne rateront sous aucun prétexte.

Par Phibes, le 2 janvier 2015