Larzac

En octobre 1971 est annoncée l’extension du camp militaire du Larzac. Une mobilisation des paysans contre ces expropriations se met en place et mobilisera des milliers de personnes durant dix ans, le mouvement de résistance prenant une ampleur nationale.

Par v-degache, le 27 avril 2024

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Notre avis sur Larzac

Octobre 1971, Michel Debré, alors Ministre de la défense nationale, officialise la décision d’extension du Camp militaire du Larzac, proche de Millau, et créé en 1902. Le causse du Massif central, où se pratique une agriculture extensive, va alors devenir le centre d’une lutte qui ne s’achèvera que le 3 juin 1981, lorsque, en Conseil des ministres, le projet sera officiellement abandonné, conformément aux engagements de François Mitterrand, président de la République fraîchement élu !

Pierre-Marie Terral au scénario et Sébastien Verdier au dessin, se lancent dans le récit chronologique de ces années de combat, ceci en 162 pages, entrecoupées de quelques photos. Un projet particulièrement ambitieux, même avec une telle pagination, au vu de la durée du mouvement, et des nombreux aspects à raconter.

Et pourtant, le résultat est là : un ouvrage passionnant, une narration fluide appuyée par le splendide dessin noir et blanc de Sébastien Verdier (Orwell), des compléments (photos, planches de Cabu, dossier final) venant enrichir la BD sans faire passer au second plan le travail des deux auteurs, Larzac se lit d’une traite, sans risque d’indigestion !

Le causse du Larzac

Face à la menace d’expropriation, « 103 paysans » et leurs familles refusent de quitter le causse. S’ensuivent des années de combat, débouchant sur une convergence des luttes avec l’arrivée en Aveyron de maoïstes, hippies, néo-ruraux, ouvriers de Lip, féministes…

Arrivée de nouveaux résidents sur le causse !

La mémoire collective se rappelle des grands rassemblements d’août 1973, 1974 et 1977 au Rajal del Gorp, de la montée à Paris des agriculteurs (on s’aperçoit d’ailleurs qu’il était déjà compliqué d’arriver à la capitale pour nos paysans !), de l’occupation du Champ-de-mars en novembre 1980, ou de l’emblématique chantier de la « ferme-cathédrale » de la Blaquière, bâtie illégalement par des centaines d’opposants, mais l’ouvrage se veut plus ambitieux et dépasse le simple récit de ces moments qui donneront au combat une résonance nationale.

Août 1973 : premier grand rassemblement au Larzac

C’est ainsi toute la stratégie de désobéissance civile, de lutte non-violente, d’opérations coup de poing, de lutte foncière qui est décortiquée, incarnée par les grandes figures du mouvement comme celle de Lanza del Vasto et sa Communauté de l’Arche. Les difficultés à fédérer les paysans pour faire bloc face aux expropriations, l’érosion du mouvement sur la durée et les divisions qui émergent face au projet d’une « mini » extension du camp, le rôle de la musique dans ces petits Woodstock à la française, l’attachement aux racines linguistiques, la réflexion quant à l’aménagement d’un territoire qui se désertifiait prennent toute leur place dans ces pages où Verdier excelle pour donner vie à sa large galerie de personnages.

Une lutte non-violente parfois émaillée d’accrochages plus « musclés »…
CRS vs manifestants ! (@ Community of the Ark of Lanza del Vasto)

Larzac c’est à la fois une réussite en termes de narration et de découpage, d’illustration où le noir et blanc sublime un récit documentaire et historique fondateur pour les années à venir.

Gardarem lo Larzac ! Oui, mais allez immédiatement (re) découvrir cette lutte de près de dix ans dans l’indispensable Larzac édité par Dargaud !

Par V. DEGACHE, le 27 avril 2024

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