LATEEF, AFGHAN CHEZ LES COHEN

Après que son père a été assassiné par les Talibans, le jeune Lateef a fui Kaboul alors qu’il n’avait encore que 14 ans. Lateef avait pour objectif d’atteindre l’Angleterre mais après des mois et des mois d’un très éprouvant voyage, la touchante invitation, à Paris, d’une bénévole française l’a convaincu et c’est ainsi qu’il a posé son sac chez les Cohen.

Par sylvestre, le 15 juin 2023

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Notre avis sur LATEEF, AFGHAN CHEZ LES COHEN

Lateef, Afghan chez les Cohen… Ou l’exemple-même du titre peut-être pas très bien choisi ! Ben ouais, quoi… Avec un tel titre, on pourrait croire qu’on est face à une bande dessinée du style Mais qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? Les Afghans étant plutôt musulmans et le nom Cohen étant plutôt juif, on pourrait croire que le cœur du sujet (en mode humour ou pas, là n’est pas la question) est la cohabitation / la confrontation / l’interaction (appelez ça comme vous voulez) entre des individus se réclamant pour les uns de l’Islam et pour les autres du Judaïsme. Mais non, pas du tout.

Certes, il est effectivement question de l’accueil du jeune héros, l’Afghan Lateef, dans une famille de confession juive à Paris ; et ce dès les premières planches. Mais ce n’est pas du tout le thème principal de l’histoire ! Non, le fil conducteur, c’est bien le long et dangereux périple de Lateef qui a dû fuir son pays à 14 ans et dont les pas l’ont mené jusqu’à chez ces fameux et accueillants Parisiens nommés Cohen. Bref, sans parler de publicité mensongère ou d’emballage trompeur, je dirais que le titre de cette BD est un peu hors-sujet. Ou réducteur. Bref, pas bien choisi.

Ensuite, une autre remarque qui vient à l’esprit lors de la lecture, c’est que la chronologie est un poil difficile à suivre. En effet, si l’odyssée de Lateef est respectée est termes de progression géographique, entre chaque « tableau » (Afghanistan, Pakistan, Iran, Turquie, Grèce, Bosnie, Italie…) on a droit à des pages « tournées » en France. A la longue, on peut trouver un peu pénible d’être brinqueballés comme ça dans des allers-retours incessants.

Enfin, dernier bémol et pas des moindres : le dessin. Ou plutôt : la combinaison de ce dessin (un graphisme très simple) et de couleurs vraiment trop criardes, trop basiques, trop acidulées et qui font saigner les yeux. Le résultat n’est vraiment pas convaincant. Certains choix de coloris sont convenus : des bleus foncés pour les luminosités des soirées en extérieur ou du spleen, par exemple. Mais d’autres sont assez déroutants et finissent par faire regretter le lecteur qui attendait peut-être un traitement beaucoup plus réaliste sur un sujet comme ça.

Après le récit graphique, en fin d’ouvrage, quelques photos nous sont montrées sur lesquelles on voit le véritable Lateef et des membres de sa famille d’accueil parisienne. Ces photos ont été en partie surcolorisées. Et bien figurez-vous que plutôt qu’un dessin comme je l’ai découvert, je me suis mis à penser que ça n’aurait peut-être pas été plus mal de raconter tout ça en mode roman-photo, justement dans le style de ces photographies trafiquées, plutôt que comme ça a été fait…

Bref, désolé mais vous avez saisi : je n’ai absolument pas été séduit par cette réalisation. C’est fort dommage car j’ai abordé cette œuvre avec beaucoup de curiosité et d’intérêt pour le témoignage de Lateef et parce que certaines choses sont vraiment intéressantes, par exemple celles relatives aux tracasseries administratives imposées aux demandeurs d’asile et notamment aux mineurs non accompagnés. (L’ouvrage est composé en trois partie : Odyssée, Asile, Avenir) N’empêche que mon plaisir de plonger dans cette histoire a été gâché par trop de choses, et c’est malheureusement ce que j’en retiendrai.

Par Sylvestre, le 15 juin 2023

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