Dessinateur caricaturiste, Michel Kichka a au fil des années toujours maintenu son oeil et son cerveau en alerte afin que ses crayons puissent à leur tour traduire "à chaud" son opinion sur les choses et son avis sur des personnes ou des situations. Qu'il s'agisse de produire un dessin pour l'édition du journal du lendemain matin ou d'en dessiner en direct, sur un plateau télé, afin d'amuser le public ou de l'inviter à la réflexion, on mesure la notion d'immédiateté requise pour l'exercice.
Mais avec la COVID-19 et le confinement que ce virus a imposé, Michel Kichka a pu (lui aussi...) bénéficier d'un temps "s'écoulant autrement" pour regarder différemment le monde autour de lui. Et il en a conçu cet ouvrage, L'autre Jérusalem, dans lequel il aborde plein de sujets qui lui sont chers mais qui, bien que personnels à la base, font écho en le plus grand nombre, donnant à son oeuvre intimiste une envergure publique.
Le coronavirus, Jérusalem, la religion, la politique, la Palestine, la famille, Cartooning for Peace... Voici une liste non exhaustive de sujets abordés, et c'est entre textes illustrés et bande dessinée que le propos de l'auteur nous est livré. On retrouve dans ce choix au rythme évolutif la "patte" du caricaturiste : beaucoup de choses sont dites en une seule image, avec un fort impact, avec éventuellement des bulles, avec un sens du reportage, avec humour aussi, sans qu'il y ait forcément continuité avec la vignette d'avant ou celle d'après. Mais certaines séquences sont conçues en planches aussi, comme le sont les BD "classiques".
Le dessin et les couleurs sont frais et malicieux, et la narration est très fluide. La lecture en est ainsi très agréable et nous rapproche page après page de ce sympathique auteur belge. Ou juif. A moins qu'il soit Israélien ? Ou les deux ? Ou les trois ? Enfin, vous verrez bien !
Par
Sylvestre, le 15 août 2023