L'aventurier

Italie, en 1520. Anselmo Ringardi est un jeune noble dont le destin est dessiné par avance par ses parents qui entreprennent à son insu un mariage lucratif à venir et une carrière militaire prestigieuse, pour peu qu’il fasse les efforts nécessaires pour se plier à leurs volontés. Mais le jeune homme rêve de musique, d’aventures. Soudain, la Peste se déclare et ravage la ville, sa famille et tous ses amis, le jeune homme en profite pour partir, loin de cette histoire manquée. Il croise des crapules sur sa route avant de parvenir aux portes du domaine de Géronte, un puissant médecin, réputé pour la justesse de ses prophéties… En effet, il est capable de prévoir avec précision le jour de la mort de celui qui se tient devant lui. Anselmo tombe sous le charme de sa fille Lucrezia, mais Géronte l’expulse de chez lui en lui déclarant qu’il n’a désormais qu’un an devant lui… Hanté par cette terrible échéance, Anselmo erre un temps avant de tomber sur un jeune roi qu’il finit par tuer et se retrouve sur le trône à sa place…

Par fredgri, le 1 septembre 2024

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Notre avis sur L’aventurier

« Librement inspiré d’un texte inachevé d’Arthur Schnitzler (« Le Sous-Lieutenant Gustel », « Mademoiselle Else », « La Nouvelle Rêvée » qui a d’ailleurs servi de base pour le film de Stanley Kubrick « Eyes Wide Shut »…) », cet album nous plonge dans la destinée d’un jeune noble qui, une fois qu’il découvre la date de sa mort, est rongé par ce sentiment d’inéluctabilité qui va l’oppresser et le pousser progressivement à se couper de la réalité, dans une longue fuite en avant, avant de finalement retrouver ses esprits.

Toute l’œuvre d’Arthur Schnitzler tend à dresser des portraits psychologiques extrêmement fins, tourmentés par des destins qui échappent aux héros de ses histoires. Adapter l’un de ses textes c’est avant tout se concentrer sur un parcours intérieur, une sorte d’étude de cas ou le protagoniste s’interroge sur son destin, mais surtout sur sa vacuité face à une échéance qui ne lui laisse aucun espoir.
Tout l’album se rythme donc sur les errements d’Anselmo, sur ce qu’il tente de construire, la voie qu’il veut découvrir et finalement sur une vie qui s’étiole face à l’irrémédiable fin qui se profile devant lui.

Partant d’une base inachevée, les auteurs, Alessandro Tota (au scénario) et Andrea Settimo (Aux dessins et à la couleur) imagine sa résolution en développant les remises en questions du jeune héros. L’écriture est à la fois très fine et évocatrice d’un univers de chevalerie quelque peu fantasmé, entre conte et geste moyenâgeuse. Et le mélange fonctionne très bien. Une modernité riche et profonde qui nous interpelle sur notre propre rapport à la vie, à la mort, à tout ce que l’on veut accomplir. Et si parfois les textes sont un peu ampoulés, on tombe assez vite sous le charme de cet album surprenant.
Graphiquement, le trait est suffisant pour accompagner le scénario, même s’il manque de finition, ou simplement d’expressivité.

Il n’en reste pas moins que L’aventurier nous réserve une agréable lecture.

Par FredGri, le 1 septembre 2024

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