L'axe du loup

Sylvain Tesson décide de s’élancer sur les traces des évadés du goulag, inspiré par le récit d’aventure A marche forcée, de Slavomir Rawicz, paru dans les années 1950. 

Pendant huit mois, à pied, à cheval ou à vélo, l’écrivain va traverser les forêts sibériennes, les steppes de Mongolie, le désert de Gobi et le Tibet dans des conditions minimalistes. En tout, 5000 kilomètres faits de découvertes, d’histoires, de belles et de mauvaises rencontres.

Par legoffe, le 7 décembre 2023

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Notre avis sur L’axe du loup

C’est à un sacré périple que nous convient Sylvain Tesson et le dessinateur Virgile Dureuil, qui a adapté le roman éponyme de l’écrivain voyageur, paru en 2004 chez Robert Lafont. Tesson est, en effet, parti de Iakoutsk, au nord-est de la Sibérie, pour rejoindre, 5000 kilomètres plus loin, Calcutta, en Inde. 

Pour cela, il a décidé de tout faire de manière « sportive ». Point de motorisation, il sera à pied, à vélo ou à cheval. Une seule fois il fera une exception pour des raisons de sécurité. Ce choix force déjà l’admiration et ce d’autant qu’il a voyagé chichement. Il faut dire qu’il n’y a guère d’hôtels sur son chemin ! Il a surtout beaucoup bivouaqué, dormant seulement de temps en temps chez l’habitant. 

Quant à l’itinéraire, il est sauvage, souvent hors de tous sentiers, rendant le parcours épique et très physique. A la performance sportive, il faut ajouter le caractère risqué d’un tel périple. Le terrain peut être chaotique et les rencontres parfois à risques, qu’il s’agisse des ours ou d’hommes malveillants (heureusement très minoritaires dans le récit). 

Tesson en profite pour raconter l’histoire de certains lieux et de quelques personnages, évoquant souvent, bien sûr, le destin des gens arbitrairement emprisonnés ou tués au temps des Tsars ou sous le joug soviétique. 

Il réfléchit à la notion de liberté, à la condition humaine, aux bonheurs parfois très simples de l’existence, surtout lorsqu’il voit comment certains vivent heureux sans posséder grand chose, au milieu de la Sibérie. 

L’histoire nous happe d’autant plus facilement qu’elle est bien racontée et très bien dessinée. Virgile Dureuil adopte un style réaliste, mais très graphique. Ses paysages, à couper le souffle, donnent envie de se retrouver dans ces décors sauvages ou de visiter une de ces belles églises orthodoxes. Dureuil a si bien retranscrit les lieux que l’on a eu l’impression de faire le voyage avec Tesson. 

Vingt ans plus tard, le voyage serait plus compliqué encore à réaliser du fait de la guerre lancée par la Russie, qui limite l’accès à ce pays. Mais la question de la liberté reste, elle, plus que jamais d’actualité…

Par Legoffe, le 7 décembre 2023

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