Le balayeur des Lilas - Matinée/Après-midi

Dans le coin d’un bâtiment, sur le trottoir il y a une silhouette, un vieil homme penché sur son balai qui passe et repasse pour écarter une feuille, une boite de conserve, un clopiot, personne ne le remarque, les gens passent leur chemin, l’œil rivé sur leur smartphone, indifférents à ce qui les entoure… Il y a cet homme qui tend la main pour quelques euros, il y a cet autre qui lit son livre sur le banc, il y a celui qui porte, celui qui court, celui qui traverse, il y a ces gens qui se croisent sans se voir et toujours dans son coin, il y a celui qui balaye silencieusement…

Par fredgri, le 15 novembre 2024

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Notre avis sur Le balayeur des Lilas – Matinée/Après-midi

Sur le même principe que Le monde flottant de De Crecy et Fenêtre sur rue de Rabate, Le Balayeur des Lilas est un savoureux leporello qui dévoile deux simili récits qui se découvrent en dépliant l’album, recto/verso.

« Récit » est peut-être un bien grand mot, car, finalement, ce qui se révèle à nous ce sont surtout des petites scénettes du quotidien, dans la rue, au gré des croisements de passants, la vie quotidienne, les aventures éphémères d’un gars, d’une fille, d’une foule, de ces inconnus qui apparaissent et disparaissent, le temps d’un haussement d’épaule, agacés, ou en passant à la sauvette devant la terrasse d’un café parisien.
Thierry Martin ne cherche pas à construire de grands périples, juste à saisir l’instantané d’un mouvement autour d’un vieux balayeur qui ne prononce pas un mot, qui fait partie du décor, que personne ne remarque vraiment.

Les pages se déploient donc en accordéon, l’image devient fresque, déborde de la page pour nous proposer une sorte d’errance silencieuse, sans but, une matinée, un après midi, on observe la maladresse de celui-là, le sourire en coin d’un autre, les couples attablés, le chiens qui chie son étron, les gamins qui jouent… L’auteur laisse aller son regard, nous offrant des planches extrêmement fluides, d’une simplicité désarmante, mais très rafraîchissante aussi. C’est tout l’Art de Thierry Martin, cette efficacité dans l’épure, cette émotion toute en finesse qui se glisse dans un trait courbé, dans un geste de la main, dans la silhouette d’une femme immobile qui regarde un gâteau…
On est très vite conquis par cet étrange album qui ne raconte rien, mais qui contient tellement de choses.

Une très belle surprise, un moment en suspend.
Essentiel.

Par FredGri, le 15 novembre 2024

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