LE BEAU PARLEUR
Avec son petit singe Chico, Pedro se plait à flâner dans les arbres de la forêt amazonienne au cœur de laquelle il vit. Lorsque son frère aîné, Vicente dit Cent, revient une nouvelle fois au pays, le jeune garçon ne cache pas sa joie et l’accueille dans l’espoir de connaître les péripéties qu’il a vécues lors de son dernier voyage. Véritable fan de son explorateur de frère, Pedro se voit recevoir, à chaque retour de celui-ci, un livre. Bien que la réapparition de Cent ne fasse pas la joie de José, son autre frère, la narration de ses exploits créent toujours l’admiration des plus petits. Le lendemain, Pedro découvre que Cent est reparti sans prévenir en prenant le bateau de José. Surpris, il décide de faire l’école buissonnière et de partir à la recherche de son frère. Récupérant le répertoire volumineux que ce dernier a oublié, le garçon file chez le vieux Tirésias qui l’emmène en barque à Maves. Là, il apprend que Cent est passé plus tôt et qu’il a pris le bateau pour Manaus. Pourquoi cette fuite incompréhensible ? Que cache réellement son beau parleur de frère ? Est-il vraiment un explorateur d’ailleurs ? Et pourquoi Manuel, Rubens et Vasco sont aussi à sa poursuite ?
Par phibes, le 15 janvier 2024
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Scénariste :
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dessinateur :
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Coloriste :
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Éditeur :
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Sortie :
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ISBN :
9782344062401
Notre avis sur LE BEAU PARLEUR
Après nous avoir plongé dans les embruns maritimes avec leurs sagas le Port des Marins Perdus et les deux opus des Filles des Marins Perdus, nous avoir transporté dans une romance avec Amour minuscule et nous avoir fait connaître les ambiances guerrières avec La terre, le ciel, les corbeaux, le tandem italien formé par Teresa Radice et Stefano Turconi revient sous la lueur des projecteurs à la faveur de ce nouveau one-shot exotique. Sous le couvert de celui-ci, il vient relater le parcours initiatique et aventureux d’un jeune personnage, Pedro, qui va être appelé à franchir le seuil du monde des adultes et connaître la désillusion.
Pedro, tel est le prénom du personnage principal, nous entraîne avec lui dès le départ grâce à sa jeunesse, à sa pétulance, à sa soif d’aventure, à son goût pour la lecture et pour l’évasion. Il nous partage sa passion pour son frère et nous fait découvrir sa famille et le lieu où il habite. Cette présentation se veut des plus rafraîchissantes et heurte avec délice notre sensibilité. Malheureusement, il y a une ombre à ce tableau, une ombre qui va se dessiner à la suite de la disparition de Cent et qui va s’amplifier au cours d’une fuite en avant à l’issue de laquelle Pedro va perdre son innocence.
Cette histoire se veut réellement attachante certes grâce aux agissements de Pedro et à ses nombreux encarts personnels. Du haut de sa jeunesse et aussi de son érudition, le garçon trouve le moyen, sous le couvert d’un gros clin au Magicien d’Oz, de s’affirmer au fur et à mesure de ses recherches et de ses trouvailles pas forcément propres. Il ne fait aucun doute que Teresa Radice reste dans une sensibilité scénaristique à taille humaine, faisant évoluer son petit héros d’une façon psychologiquement aiguisée et instillant une intrigue bien efficace autour des voyages mystérieux de Cent et de son lien mystérieux avec les trois larrons Manuel, Rubens et Vasco. On perçoit les impacts douloureux des aveux de Cent sur Pedro, son trouble profond et aussi les résolutions internes qui le pousse à agir d’une manière adulte.
De son côté, Stefano Turconi enveloppe le récit de Pedro et de Cent dans une délicatesse picturale généreuse. Grâce à un jeu de couleurs directes aquarellées superbement orchestré, la lecture de l’aventure de Pedro est attachante, expressive à souhait et retentissante. L’artiste rend ses personnages, hormis le trio malfaisant, vraiment sympathiques, chaleureux, y compris la mascotte de Pedro qui participe pleinement aux aventures et nous régale de leurs gesticulations, de leurs œillades, de leurs attitudes très explicites.
Une histoire illustrée fortement attirante grâce à son exotisme, son affectivité ambiante générée par un petit personnage particulièrement attachant dans son émancipation.
Par Phibes, le 15 janvier 2024