Le capitaine écarlate

Marcel est poète, il aime Monelle, la fille de joie au cœur rêveur. Mais un autre convoite également les charme de la douce femme, un capitaine au masque d’or, le capitaine écarlate. Capable de déclencher des tempêtes à volonté et voguant dans le ciel sur un navire arraché à la mer, il capture Monelle. Mais c’était sans compter sur le courage de Marcel… Pendant ce temps, un commissaire de police aux agissement douteux enquête sur l’affaire des pirates qui sèment le trouble dans la capitale.

Par melville, le 30 mai 2010

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2 avis sur Le capitaine écarlate

Tous deux scénaristes et dessinateurs, David B. et Emmanuel Guibert se croisent le temps de rendre un hommage au poète Marcel Schwob. David B. au scénario, Emmanuel Guibert au dessin, il nait de leur complicité (en avril 2000) une œuvre majeur du prestigieux catalogue d’Air Libre. Dix ans après, Dupuis réédite ce très joli album sous le petit format souple de la collection Roman Air Libre.

Le capitaine écarlate, c’est avant tout des personnages plus qu’une histoire. Chacun d’eux est doté d’une âme, ils sont vivants et à la fois fougueux et flegmatiques. David B. nous offre une histoire comme il les aiment, singulière, teintée d’onirisme et de poésie. Il y a quelque chose de profondément sensible et doux, on glisse doucement dans cette aventure surréaliste avec une aisance déconcertante et on la quitte ému. Le récit séduit par l’utilisation de l’argot des siècles passés comme langage littéraire à part entière avec ses propres codes, et c’est en cela que réside l’hommage à Marcel Schwob auquel viennent s’ajouter de nombreux clins d’œil dont notamment les personnages eux-même, ainsi que leur nom.

Le dessin d’Emmanuel Guibert s’adapte avec beaucoup de justesse à l’univers de David B. Riche, il renferme une certaine magie, une profondeur vraie. C’est grâce au travail d’Emmanuel Guibert que l’on croit à cette histoire qui lorgne du côté des rêves, on se laisse porter par la douceur de son trait, on se laisse totalement séduire et on s’abandonne.

Fabuleux voyage dans l’inconscient, dans ce monde où la raison est bannie, Le capitaine écarlate est un très joli récit qui trouve sans difficulté sa place au sein du catalogue d’Air Libre. Avis aux amateurs, c’est conseillé.

Par melville, le 30 mai 2010

Avec cette réédition d’un album paru en 2000 dans la collection Aire libre, qui décidément assure sa réputation de qualité, David B. et Guibert nous invitent à les suivre dans un univers à la frontière du fantastique et du surréalisme.
D’après une nouvelle de Marcel Schwob, reprise dans son intégralité à la fin de l’album, Davis B a écrit un album étrange et envoûtant.
L’histoire tourne autour de trois personnages. Marcel qui, de santé précaire, vit dans ses livres et n’a du monde des truands, cet univers nocturne qui l’attire et le fascine, qu’une vision purement livresque. Il représente Schwob lui-même.
La jeune Monelle, quant à elle, est une ouverture, une passerelle entre le monde bourgeois de Marcel et les bas fonds, le monde des mauvais garçons qui pratiquent cet argot qui attire tant ce lecteur insatiable.
Enfin vient le Capitaine écarlate, dissimulé sous un masque d’or, capitaine de ce navire pirate, mi Hollandais volant, mi navire du capitaine Crochet, il pille et incendie à la tête de son équipage de gens autrefois ordinaires, artisans et marchands à qui le Capitaine écarlate à laissé entrevoir une vie terrible et séduisante et qui ont choisi l’aventure à la morne vie tranquille de boutiquiers.
Cet homme est un tempestaire, capable d’arracher une vague à la mer pour y faire naviguer son navire dans le ciel de Paris ou de déclencher une tempête pour échapper aux forces de police.
La magie des mots qui se déroulent et s’envolent laissant dans leur sillage un parfum d’aventure et de folie, la poésie qui se dégage du dessin, la passion de l’argot, que Schwob considérait comme un langage codé, et qui, repris par Emmanuel Guibert, exhausse le ton de l’album, tout concours à faire de cet album une bulle merveilleuse et surréaliste.
Le fantastique arrive comme un coin dans la réalité, avec des résurgences littéraires, comme Stevenson ou Barrie.
Le dessin de David B est toujours aussi surprenant et inattendu tant il sait s’adapter à l’époque et à l’atmosphère des scénarii. Il insuffle ici une âme au récit et l’attache aux personnages, leur délivrant cette étincelle de vie qui donne tout son relief à l’écriture.
Les interprétations que l’on pourrait faire de ce récit sont multiples, mais le plus important est peut-être la défense de la part de rêve et d’enfance qui réside en chacun d’entre nous, la lutte de l’imaginaire sur le réel, la force de la pensée et de l’envie qui l’emportent sur le quotidien.
Laissez-vous ravir par cette allégorie fantastique sur la vie.

Par Olivier, le 23 juin 2010

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