Le chant du monde
Antonio, l’homme du fleuve dit Bouche d’or, reçoit la visite du père Matelot qui vient lui faire part de ses inquiétudes. En effet, depuis des jours, il espère le retour de son besson aux cheveux rouges qui devait descendre le cours d’eau avec des troncs de sapin. Aussi, devant l’empressement de sa compagne Junie et le manque de nouvelles, le vieil homme est venu demander à Antonio de partir avec lui au pays rebeillard pour retrouver son fils. Celui-ci ayant accepté, les deux hommes partent remonter le fleuve, chacun s’attribuant une rive.
Dans le pays d’en haut, c’est l’ébullition chez les Maudru. En effet, Médéric, le neveu du maître des lieux et fils de Gina la vieille, a reçu du plomb dans le ventre. Ce dernier a été blessé par Cheveux rouges qu’il poursuivait pour avoir ravi par amour la jeune Gina. Le chef des bouviers envoie alors ses hommes aux quatre coins du pays pour retrouver les fuyards, ordonnant de fouiller le moindre buisson et d’y voir clair partout.
Est-ce que Matelot et Bouche d’Or pourront mettre la main sur les deux fugitifs avant la horde des Maudru ?
Par phibes, le 23 février 2020
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Scénariste :
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dessinateur :
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Coloriste :
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Éditeur :
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Sortie :
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ISBN :
9782075109628
Notre avis sur Le chant du monde
Le Chant du monde est avant tout un roman écrit par Jean Giono en 1934. Réalisée en plusieurs étapes, cette équipée paysanne a fait l’objet, du vivant de l’auteur, d’adaptations au cinéma et d’une version théâtrale non finalisée. Aujourd’hui, c’est Jacques Ferrandez, artiste complet à l’origine de chefs d’œuvre tels Les Carnets d’Orient, qui s’accapare de l’univers rural de Giono pour le restituer en bande dessinée.
On ne pourra que saluer le superbe travail d’adaptation réalisé par ce dernier. S’appropriant totalement le récit, l’auteur a pris le parti de rester fidèle à cette aventure pastorale. De fait, on ne manquera pas dès le prologue de se plonger dans celle-ci induite par la rencontre de deux êtres (cheveux rouges et la jeune Gina), par leur lien et par leur fuite en avant pour éviter la vindicte d’une mère et d’un oncle autoritaires, les Maudru, qui avaient d’autres projets pour leur descendance. On se laissera investir par ces ambiances paysannes, par ces décors d’alpages, par ces personnages d’une autre époque difficile à dater, par ce rapport ténu avec la mère nature, par le parler très terroir et sans ambages pratiqué, par cet antagonisme (entre les deux pays d’en bas et des rebeillards).
Sous le couvert d’une histoire d’amour interdite, on devient le témoin privilégié d’une double vendetta aux accents dramatiques évidents. Nombreux sont les personnages qui interviennent pour étoffer les péripéties et, de par leurs spécificités, génèrent moult soubresauts dans le récit. Bien sûr, l’homme du fleuve dit Bouche d’or reste maître de cette équipée où se mêlent fort agréablement des sentiments multiples, des élans de tendresse mais aussi des actions radicales.
Il ne fait aucun doute que pour conter Giono, Jacques Ferrandez a dû faire un effort documentaire incroyable. Compte tenu de la naturalité et la rusticité du territoire dans lequel se déroule l’histoire, l’artiste s’est rapproché des rives de la Durance qui auraient servi de base à l’écrivain originel. Croquis après croquis, l’illustrateur s’est imprégné de ce pays et de ses caractéristiques pour les restituer en couleurs directes dans des planches toutes aussi remarquables les unes que les autres. Au regard de la beauté de ces grands espaces, elles se veulent ainsi un véritable appel au voyage. Côté personnages, là aussi, on perçoit une paysannerie on ne peut plus rafraîchissante malgré certaines volontés malfaisantes, preuve que Jacques Ferrandez a su soigner avec une réelle efficacité la représentation de ceux-ci.
Une revisite du roman de Jean Giono hautement réussie !
Par Phibes, le 23 février 2020
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