Le Chien de Dieu

1960, Meudon. Louis-Ferdinand Céline travaille dans son pavillon sur son prochain livre qui s’intitulera Rigodon et qui cloturera sa dernière trilogie.
A l’étage au dessus, Lucette fait répéter les jeunes danseuses. Le soir arrive et l’orage éclate, le tonnerre fait penser à un coup de canon. Céline, par sa fenêtre, voit à l’exterieur un cavalier du 12ème cuirrassiers : le maréchal des logis Louis-Ferdinand Destouches qui semble l’attendre dans son jardin. L’écrivain se replonge dans son passé : la guerre de 14, sa vie avec Elisabeth Craig, sa vie de médecin, l’écriture du Voyage au bout de la nuit, la seconde guerre mondiale et ses dérives, Siegmaringen, sans oublier sa rencontre avec Lucette, sa compagne…

Par berthold, le 4 novembre 2017

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Notre avis sur Le Chien de Dieu

Voyage au bout de la nuit est un grand livre, un chef d’oeuvre qui obtint le Prix Renaudot en décembre 1932. Il manqua le Prix Goncourt de deux voix. Son auteur, Louis-Ferdinand Céline, de son vrai nom Louis-Ferdinand Destouches était aussi médecin, il a su séduire par son style d’écriture, par son talent, mais l’homme en lui-même était très contreversé: il était antisémite, agent actif de l’Allemagne nazie, il a trainé dans les milieux collaborationistes pendant la Seconde Guerre mondiale, mais pensait il vraiment à tout cela, lui-même ? Pensait il vraiment à mal ? Qui était-il alors ?

Jean Dufaux s’intéresse à l’auteur de Mort à Crédit. Il le met en scène, se penchant surtout sur quelques passages forts de sa vie. Ainsi, nous revivons sa rencontre avec celle qui fut surement la femme de sa vie, Elisabeth Graig, son passage au 12ème cuirassiers et la Première Guerre mondiale qui d’ailleurs l’inspirera pour Voyage au Bout de la Nuit. Puis, la guerre, ses idées, Lucette, etc…
Tout comme ce Louis, le lecteur s’interroge sur la vie de Céline. Au vu de ce que nous raconte Dufaux, l’homme ne semble pas si mauvais que ça.  D’ailleurs, le Céline des années 60 nous fait presque pitié. La scène où on le renvoie d’une terrasse de café à Paris est un des moments forts de ce récit.
Jean Dufaux est un scénariste unique, il a son propre style. Ses séries sont là pour nous le prouver, il réussi à nous surprendre, nous étonner, nous enchanter et nous emmener dans des univers différents.
Il nous donne à lire ici une histoire passionnante de bout en bout. On suit la vie de ce Louis, de Céline. Dufaux nous donne son point de vue sur ce grand écrivain, mais qui fut assez complexe, compliqué mais pourtant simple. J’ai bien apprécié sa façon de le faire s’exprimer.
Cette oeuvre est aussi une façon de parler de la vie d’un écrivain, d’un auteur. De voir que tout de même, ce n’est pas toujours facile. Il faut lire le passage où il parle de Françoise Sagan avec son éditeur.

Pour mettre en images cette oeuvre, Jean Dufaux fait équipe pour la première fois avec Jacques Terpant. Le chien de Dieu nous permet d’admirer une nouvelle facette de ce talentueux artiste qui fait revivre les années 1960, et qui nous offre quelques images fortes pendant la Première Guerre mondiale ou pour changer de registre, des images sensuelles où tout comme Céline, nous observons une scène d’amour entre deux femmes sur un lit. Jacques Terpant redonne vie à Céline par son coup de crayon. Et d’ailleurs, il fait revivre quelques personnalités de l’époque comme Arletty et Michel Simon.
Les couleurs, dans des teintes de gris, donnent beaucoup de beauté à cet album. Les planches sont magnifiques. Le chien de Dieu montre à ceux qui ne le savaient pas encore que Terpant est un des grands artistes du moment.
Un très grand album, unique, qui nous parle d’un grand romancier du XXème siècle, que je vous recommande fortement.

 

Par BERTHOLD, le 4 novembre 2017

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