Le chœur des sardinières
1924. Mona est ouvrière dans une usine de sardine de Douarnenez, comme les autres femmes de la maison avant elle, et comme le plupart des femmes de la commune. Un travail dur, payé une misère. Or, elle sait que leur quotidien va être bientôt plus compliqué encore car elle est enceinte.
Son mari, pêcheur, décide que leur fille de dix ans doit, dès lors, aller elle aussi travailler à l’usine, même si, officiellement, le travail est interdit aux moins de douze ans. Un choix plus facile pour lui que de cesser d’aller dépenser sa paye dans le bistrot du coin…
Mona en a assez. Elle est, dès lors, encore plus séduite par le discours des ouvrières qui dénoncent leurs conditions de vie et de travail. Cette fois, plus que des mots, des actes. La grève est lancé et s’étend vite à toutes les entreprises de la ville.
Par legoffe, le 13 février 2025
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Scénariste :
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dessinateur :
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Coloriste :
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Éditeur :
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Sortie :
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ISBN :
9782368468258
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Notre avis sur Le chœur des sardinières
En racontant le destin de Mona et de centaines d’autres ouvrières, les auteurs ne livrent pas seulement la chronique d’une des premières grandes grèves du genre. Ils rappellent aussi que les femmes sont, depuis longtemps, mobilisées pour leurs droits et que les évolutions de la société se font souvent très lentement.
Preuve en est, les mouvements féministes sont toujours indispensables aujourd’hui. Leurs membres trouveront, dans ce livre, le récit du combat de leurs ancêtres, à travers le regard de Mona et de ses collègues. Il est question, certes, de leur exploitation dans ces usines, mais aussi du poids du patriarcat dans la société. Enfin, c’est l’occasion de voir comment les grands mouvements politiques du début du XXe siècle ont forgé la société moderne, notamment l’apparition du communisme, qui galvanise alors les uns et effraye les autres.
L’album dépeint dans le détail le quotidien de ces familles pauvres de la côté bretonne. C’est une vraie immersion dans la vie d’antan. Il en est de même concernant le travail à l’usine. Le lecteur découvre toutes les tâches assurées par les sardinières, et les conditions, très dures, dans lesquelles elles le font.
La seconde partie nous plonge dans la manière dont la grève se répand et se gère. C’est ici que les syndicats et les politiques interviennent. On découvre, notamment, le rôle joué par le maire de l’époque, qui était communiste, et qui va payer cher son engagement aux côtés des femmes de Douarnenez.
La reconstitution historique prend ainsi des allures quasi documentaires tout en faisant découvrir les événements à travers l’intimité de quelques protagonistes. Soucieuse de raconter les faits dans toute leur vérité, Léah Touitou doit parfois faire un peu l’impasse sur le développement de ses personnages, limitant l’émotion au fil de la lecture.
Elle peut toutefois compter sur les dessins de Max Lewko qui, évitant le réalisme cru, joue de traits légers et pleins de vitalité. Il donne de la chaleur et une certaine espièglerie règne dans les pages. Un esprit qui aura probablement aidé, plus d’une fois, ces femmes à supporter le poids de l’injustice et du machisme d’une société foncièrement réactionnaire.
Par Legoffe, le 13 février 2025