Le ciel pour conquête
Amélie a épousé Hans, un marchand aisé. Mais elle ne l’aime pas, comme elle n’aime pas ce quotidien qui l’ennuie. La bourgeoisie hollandaise du milieu du XVIe siècle, la vie est dictée par le labeur et des règles assez strictes. La fantaisie n’y a pas sa place. Quant à la femme, elle se doit de rester dans son rôle, celui de la gestion des tâches ménagères. La curiosité scientifique d’Amélie est donc jugée incongrue, voire honteuse.
Mais la jeune femme n’est pas au bout des épreuves. Lors d’un long voyage, Hans ramène à la maison une jeune esclave asiatique dont il fait sa maîtresse. Malgré la situation, les deux femmes vont se rapprocher. L’étrangère a des choses à apprendre à Amélie qui pourraient bien bouleverser sa vie.
Par legoffe, le 30 septembre 2022
-
Scénariste :
-
dessinateur :
-
Éditeur :
-
-
Sortie :
-
ISBN :
9782413038191
Publicité
Notre avis sur Le ciel pour conquête
Etonnant manhwa que Le ciel pour conquête. D’abord, Delcourt l’a publié dans un format « roman », faisant de la BD un bel ouvrage, très qualitatif. Ce choix rend hommage au talent de l’autrice, dont c’est le premier album, mais qui livre déjà des dessins raffinés et dotés d’une grande force.
Ensuite, malgré la nationalité de Yudori, le livre prend pour cadre la Hollande du XVIe siècle. Un choix historique pas si innocent que cela. L’autrice réalise un récit engagé sur la cause féminine, évoquant des sujets parfaitement d’actualité sous couvert d’une histoire se déroulant 500 ans plus tôt dans un pays alors très conservateur.
Rien de surprenant. La Corée du Sud est, elle-même, jugée encore profondément patriarcale et la place des femmes y demeure plombée par une vision traditionaliste. On retrouve cette vision dans la vie d’Amélie. Quant à l’esclave asiatique, elle a deux visages. Par ses discours, elle démontre une capacité à voir la liberté au delà des apparences. Mais, elle peut aussi, paradoxalement, accepter la soumission et la dépendance à la gente masculine du fait de son expérience et de son éducation, sans jamais – toutefois – se départir d’une froide ironie.
Yudori bouscule ainsi les lecteurs sans le moindre ménagement. La sexualité est aussi abordée sans tabou. La femme s’exprime et se rebelle à sa manière dans ce livre touchant, qui effleure l’esprit de révolte.
L’ambiance est très particulière. Le livre plaira aux uns, dérangera les autres. Il est, en tout cas, une réflexion forte sur le droit de la femme à disposer d’elle-même et à aller vers ses aspirations profondes sans qu’elle ne voit son destin dicté par l’homme.
Par Legoffe, le 30 septembre 2022