Le Collectif. Histoire de notre éco-hameau

 
La Borie est un hameau que Michel et Julie ont acheté puis ont entretenu pendant huit ans avant que Samuel vienne y habiter, bientôt suivi par Aurélie, Grégoire et leur bout de chou. L’endroit a été pensé par ses propriétaires comme un havre de paix et de collaboration : un éco-hameau où chacun met la main à la pâte à la mesure de ce qu’il sait faire, où chacun met en commun ce qui peut servir aux autres et où chacun participe aux régulières réunions qui sont nécessaires à ce que le rêve puisse perdurer.

Michel et Julie sont les propriétaires du hameau mais ils ne sont pas contre vendre tel ou tel bâtiment aux différents arrivants qui se joignent au collectif ; du moment que certaines parties communes le restent et permettent l’organisation de repas en commun et de fêtes endiablées, du moment que le jardin partagé est entretenu, aussi, et que chacun range ce qu’il utilise après en avoir fini.

Les nouveaux arrivants sont toujours conquis et à leur tour d’autres arrivent, attirés : Camille et Antonio, Hafida… Des bébés naissent à La Borie, aussi ! L’endroit est vraiment idyllique et le principe est véritablement séduisant. Mais comme dans toute communauté, les gens et leurs idées peuvent évoluer, demandant parfois à tout le monde de se remettre en question…
  

Par sylvestre, le 3 novembre 2022

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Notre avis sur Le Collectif. Histoire de notre éco-hameau

 
En abordant cette épaisse bande dessinée, j’avoue que j’ai un peu craint d’y trouver un catalogue de solutions pour bien gérer son jardin raisonné et son compost, pour fabriquer soi-même sa lessive et ses produits ménagers écologiques, pour "bricoler vert". J’ai craint d’y trouver des conseils pour savoir reconnaître "quoi cueillir quand" afin de concocter soi-même toutes sortes de tisanes aux merveilleuses vertus, pour faire de la méditation, pour apprendre à faire des massages aux huiles essentielles ou pour faire des économies d’énergie. J’emploie le mot "craindre" car de nos jours, l’écologie, le bio, tout ça, c’est le grand sujet et on nous en rebat les oreilles au point de finir par lasser même ceux qui sont convaincus du bien-fondé et de l’importance du respect qu’il faut avoir envers la nature dans nos comportements au quotidien.

Collectif, éco-hameau… Avec une telle concentration de termes "bien en vogue" dans le titre, ça aurait pu être le cas ! Mais non. (Pour ceux qui seraient en quête de ce que je listais dans le paragraphe précédent, cherchez un tout petit peu plus, vous tomberez très vite j’en suis sûr sur des ouvrages répondant à vos attentes, ne vous inquiétez pas.) Non, dans cette bande dessinée, le sujet, ce n’est pas les trucs-et-astuces pour vivre en harmonie avec la nature : c’est l’humain qui est au centre du récit et c’est de la vie en communauté dont il est surtout question.

Partez en vacances une semaine avec vos meilleurs amis et vous verrez que des choses dans leur façon d’être ou de faire vous gonfleront rapidement. Recevez du monde chez vous et vous verrez qu’au bout d’un certain temps vous ne rêverez plus que d’une chose : vous retrouver enfin peinard… Même si vous appréciez ces gens ! Car vivre avec les autres vingt-quatre heures sur vingt-quatre, qu’on se le dise, ce n’est pas chose facile. Alors vivre en communauté toute l’année avec des gens qu’au départ on ne connaît pas, imaginez ! Et c’est pourtant l’expérience de vie qu’ont lancée Michel et Julie dans ce hameau, La Borie, qu’ils ont acheté.

Les auteurs Samuel Wambre et Julie Feuillas parlent dans cette BD de leur propre vie, de leur propre expérience commune et communautaire. Leur récit ne vaut donc que pour La Borie, mais il est sûrement transposable. Il est très intéressant car il ne passe pas sous silence les nombreuses tensions qui ont secoué le "Collectif" au fil du temps, des arrivées, des envies et des besoins de ses membres successifs. Au contraire, même, et tant mieux car c’est ce qui fait le sel de ce témoignage. Leur récit aborde les questions du vivre ensemble en entrant dans des détails assez précis, en mode : "Ok, on met tous la main à la pâte au jardin, mais est-ce que celui qui n’y a pas vraiment fait grand-chose a le droit au même volume de récolte que celui qui aura donné plus de son temps et de sa sueur ? Ok, je mets tous mes outils à disposition, mais comment on fait si ces outils sont rendus sales ou cassés ? Qui paye quoi ? Qui s’occupe de quoi ?" Etc, etc…

Plus qu’une aventure technique, c’est une aventure humaine qui nous est contée. Il y a les relations aînés/jeune génération, il y a les relations sachant/béotien, il y a les gens seuls et les gens en famille, il y a les naissances d’enfants, les nouveaux couples, les séparations… Les choses qu’on interdit aux uns mais qui sont tolérées pour d’autres… Les notions de bénévolat et de mérite… Les notions de droits et de devoir… Le besoin (ou l’obligation) de faire le point régulièrement tous ensemble. Il y a également la notion de hiérarchie ou la question du "est-ce que ma parole a plus de poids parce que je suis là depuis plus longtemps ?"

La pagination de la bande dessinée est généreuse, elle permet une bonne immersion dans ce microcosme dont le dénominateur commun est l’envie de vivre une vie heureuse et entourée, une vie qui ait du sens. L’exposé des auteurs est forcément éclairé puisqu’il est autobiographique, et on ressent leur honnêteté, le fait qu’ils n’ont rien voulu taire des différentes problématiques personnelles qui ont régulièrement amené de l’eau aux moulins du Doute. Le dessin est d’un réalisme allant bien avec le format "reportage" de l’histoire en même temps qu’il "modernise" sûrement des lieux qu’un regard superficiel classerait sans doute plus volontiers dans la case de "vieux bâtiments un peu pourris". La colorisation à l’ordinateur, maîtrisée, réussit quant à elle à rendre très agréablement lumineux les paysages que le soleil chauffe et les situations heureuses quand elle sait aussi ambiancer tristement les temps pluvieux et les moments où le cœur n’y est plus.

Le Collectif, histoire de notre éco-hameau est une remarquable bande dessinée, une œuvre sincère et authentique.
 

Par Sylvestre, le 3 novembre 2022

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