Le crétin qui a gagné la Guerre froide

1980, l’ancien acteur de western, Ronald Reagan, est élu président des États-Unis. Il va démontrer très vite un certain amateurisme dans la gestion des dossiers, préférant la sieste et décocher des punchlines imparables, apparaissant comme un président sympathique. Face à l’URSS, il décide de passer à l’offensive ! America is back !

Par v-degache, le 4 janvier 2025

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Notre avis sur Le crétin qui a gagné la Guerre froide

Le récit débute avec la Convention républicaine du 17 juillet 1980 au Joe Louis Arena de Detroit. Reagan y apparaît à la tribune, alors que tous les pontes du parti sont en tribune, de l’ancien président Ford à Bush, en passant par Barry Goldwater.

Les États-Unis sortent à peine du traumatisme de la Guerre du Vietnam, les derniers soldats américains s’étant retirés en 1973. Depuis novembre 1979, l’image de puissance du pays est affaiblie par la crise des otages retenus dans l’ambassade étatsunienne de Téhéran, en Iran, par le régime de l’Ayatollah Khomeiny, alors que le Bloc soviétique est lui en pleine phase ascendante avec l’invasion déclenchée en Afghanistan par l’URSS en 1979, ou bien encore la révolution sandiniste au Nicaragua.

Discours d’investiture de Ronald Reagan, prononcé devant le Capitole, le 20 janvier 1981.

Les États-Unis doivent reprendre la main, et Ronald Reagan, élu en décembre 1980, compte bien redonner le lustre d’antan au pays de l’Oncle Sam, dans les relations internationales. La Guerre froide est bel et bien de retour, et l’ancien acteur d’Hollywood va tenir le premier rôle dans cette Guerre fraîche ! America is back !!!


Cédrick le Bihan au dessin et Jean-Yves le Naour au scénario nous font revivre ces deux mandats de Reagan à la tête des États-Unis, dépeignant un chef d’État quelque peu largué, aussi bien sur les questions économiques que sur la politique internationale, le « crétin » du titre n’est souvent pas très loin, classant ses blagues par thèmes, afin de les utiliser en punchlines lors des sorties publiques !

Retour de la course aux armements, lancement du programme « Star Wars » de militarisation de l’espace, soutien aux moudjahidines afghans, parmi lesquels gravitent ceux qui, quelques années plus tard, lanceront les avions contre le World Trade Center, soutien à la guérilla antisandiniste, renversement du régime communiste de Grenade… même s’il est loin de maîtriser tous ses dossiers, Reagan va être l’homme qui va incarner le redressement de la première puissance mondiale, face à l’ « Empire du Mal », alors même qu’il se retrouve en difficulté lors des sommets internationaux… Une escalade dans les tensions entre les deux Grands que Reagan s’assure toutefois qu’elle ne bascule pas dans un conflit armé direct, jusqu’à l’arrivée de Gorbatchev au pouvoir et le lancement de sa politique de pérestroïka et l’issue que l’on connait ! Et c’est finalement ce président américain, certes un peu naïf, voire « crétin », qui va conduire à la réconciliation et à la fin de la Guerre froide, laissant au monde des images fortes aux côtés de Gorbatchev, sur la place rouge à Moscou, ou dans son ranch habillés en cow-boy !

Reagan et Gorbatchev signant le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, en 1987.

Après A l’ombre (Grand Angle, 2023), adapté du roman d’Édouard Philippe et Gilles Boyer, Cédrick Le Bihan revient au récit politique. Son dessin semi-réaliste avec des gueules aux traits marqués, donne une touche bien singulière à la BD, participant à en faire tantôt des marionnettes ridicules, tantôt des figures inquiétantes.

Quant à l’historien Yves le Naour, il parvient à composer un récit cohérent et passionnant des Années Reagan, avec la touche comique nécessaire au traitement de la carrière politique de l’ancien acteur de western. C’est fluide, bavard juste ce qu’il faut, et l’on est pleinement immergé dans ces dernières années de Guerre froide, le tout étant parfaitement accessible au grand public. Encore une fois, une belle réussite dans l’entreprise de vulgarisation de l’histoire par l’auteur de Verdun.

Le crétin qui a gagné la Guerre froide est une excellente BD historique pour entamer 2025, faisant revivre avec talent les dernières années de Guerre froide. Vivement recommandé !

Par V. DEGACHE, le 4 janvier 2025

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