Le dernier festin de Rubin
(Regroupe les Rare Flavours 1 à 6)
Un jour, Rubin Baksh, qui s’appelle en réalité Bakasura, un ogre très connu de la mythologie hindoue, quitte le fourneaux du petit restaurant qu’il tient depuis des années pour entreprendre un dernier périple culinaire. Il s’adjoint les service de Mohan, un jeune réalisateur qui va le suivre tout du long. Le voyage va surtout être le moyen pour eux d’apprendre à mieux se connaître l’un et l’autre, d’explorer le lien entre la gastronomie, les mythes et ces histoires qui se racontent au gré des rencontres…
Par fredgri, le 12 octobre 2024
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Scénariste :
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dessinateur :
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Coloriste :
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Éditeur :
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Sortie :
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ISBN :
9791026825142
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Notre avis sur Le dernier festin de Rubin
Ram V et Filipe Andrade, qui ont réalisé auparavant l’excellent Toutes les morts de Laila Starr, reviennent ici avec une histoire qui se déroule à nouveau en Inde. Cette fois, nous rencontrons un ogre millénaire qui, sous une apparence humaine, se lance dans une errance à travers son pays, en quête des mille et une saveurs qu’il va croiser en compagnie d’un jeune réalisateur qui a pour mission de filmer cet ultime testament.
Ainsi, nous parcourons ces paysages secs, ces marchés bruyants, nous observons la préparation d’un plat, puis deux et finalement six ou les auteurs nous décrivent les ingrédients, la marche à suivre… En parallèle, nous écoutons Rubin évoquer le parcourt des cuisiniers, de cette prise de conscience de l’âme Hindy qui se glisse dans chaque plat, cet adroit mélange de piment, d’épices, de viande, de légumes… Le récit virevolte entre réalité extrapolée, anciennes légendes, grands discours sur la destinée, sur les limites que l’on s’impose. Rubin n’oublie pas sa nature d’Ogre et cet appétit qui ne le lâche pas, même pour la chaire humaine, toutefois, il n’en est pas pour autant cruel et déshumanisé.
C’est une bien curieuse lecture.
Ram V adopte une écriture digressive assez lente, qui prend le temps de s’attarder sur la texture des repas que les deux voyageurs savourent tout du long, sur les longs monologues de Rubin et son attachement aux petites histoires des uns et des autres. On glisse le long des pages, on surveille les deux tueurs de monstres qui recherchent le duo, qui veulent achever la créature en souvenir d’une vieille promesse qu’ils ont faite à leur maître. Plus on avance, plus on a l’impression de humer ces vapeurs pimentées qui donnent envie de tendre une coupelle.
Cependant, ce rythme nonchalant a aussi tendance à « délayer la sauce », dira-t on. On comprend la nature épicurienne de Rubin, cette envie de revenir aux sources, de redécouvrir cette nature vorace et gourmande qu’il a longtemps contenu en lui, mais si elle nous donne l’impression de plonger dans un univers de sensations gustatives, elle nous soumet aussi à une logorrhée interminable et parfois pontifiante dans sa perpétuelle volonté de faire la leçon.
En contrepartie, il y a un fond qui reste passionnant, notamment cette façon de revenir à l’essence de cette gastronomie hindoue, lier le goût à son Histoire afin de comprendre que derrière certains plats, certaines pratiques il y a un peuple, un pays, une culture et que cet ensemble constitue un geste essentiel aujourd’hui, qu’il faut le perpétuer, le partager, le transmettre… Un héritage.
De son côté Filipe Andrade livre une prestation graphique de qualité, vive et profonde. Tout en restant suffisamment en retrait par rapport au propos.
Un album qui interpelle intelligemment, qui ne laisse pas indifférent, en tout cas.
Par FredGri, le 12 octobre 2024
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