LE DERNIER VOL

Elles sont nombreuses, les personnes qui ont prévu de monter à bord de l’avion du lendemain devant rallier Barcelone à Düsseldorf, mais dans cette bande dessinée, on n’en suivra que quelques-unes…

Il y a Juana. Elle vit à Barcelone avec sa fille Luz mais le jugement de son divorce n’a pas encore été prononcé et elle est stressée par cela ainsi qu’à l’idée des retrouvailles, en Allemagne où elle va accompagner sa fille, entre son ex et leur petite.
Il y a Ana et Roberto, aussi. Leur jeune couple bat de l’aile et un séjour à Düsseldorf (où ils ont commencé à sortir ensemble) devrait pouvoir les réconcilier. C’est à ça que lui s’accroche, en tout cas.
Il y a Mark. Lui en veut à son père : il lui reproche d’être parti à un moment où sa mère et lui auraient eu besoin de l’avoir à leurs côtés. Mais c’est son père malgré tout et il a prévu d’aller le retrouver pour son anniversaire.
Et il y a enfin Leya, toute excitée à l’idée d’aller retrouver son enthousiaste amant !

La vie est pleine d’inattendu ; tout comme les foules sont pleines de gens et comme les gens sont pétris de leurs petites histoires… La vie réserve parfois des surprises, aussi. Elles peuvent être bonnes, mais elles peuvent tout aussi bien être mauvaises.

Par sylvestre, le 12 avril 2024

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Notre avis sur LE DERNIER VOL

C’est le 24 mars que l’on célèbre le triste anniversaire du crash de l’avion de la compagnie aérienne German Wings que le jeune copilote Andreas Lubitz, qui s’était arrangé pour se retrouver seul maître à bord, avait choisi d’aller écraser contre un flanc de montagne dans le sud de la France, entre Barcelone et Düsseldorf. Il n’y a eu aucun survivant à cette catastrophe et c’est pour cela qu’on est mis mal à l’aise dès le départ, lors de la lecture de cette bande dessinée, sachant pertinemment, nous, lecteurs, le sort qui attend ces gens qu’on nous présente.

Ce récit n’est pas un reportage sur la chronologie des faits ni une enquête. Les auteurs ont même pris quelques petites libertés concernant les pilotes et les événements. Non, leur propos, c’est l’humain, c’est les sentiments, c’est la valeur de la vie.

Les quelques personnages que l’on suit dans cette BD ont des histoires de gens normaux. Des histoires banales, pourrait-on même dire, mais dont la saveur devient toute autre dès lors qu’on sait que l’ombre de la mort s’apprête à les envelopper. On sait qu’ils ont un rendez-vous commun mais ils restent des individus indépendants les uns des autres ; on voit d’ailleurs certains d’entre eux sur la couverture de l’album, dans une scène où ils sont rassemblés graphiquement mais pas relationnellement.

Dans Le dernier vol, il y a un peu de ces films qui répondent à leur manière à la question : Et vous ? Que feriez-vous s’il ne vous restait plus qu’un jour à vivre ? Sauf que là, les « acteurs » n’ont pas été prévenus… Et c’est terrible ! On avance ainsi dans notre lecture en voyant le temps s’écouler et en sachant l’heure du non-retour s’approcher inexorablement. Tout ça sans pouvoir avertir les protagonistes qu’un monstre les attend au tournant. Quel stress ! Quelle impuissance !

Le scénario est tel qu’on garde espoir, à certains moments. Et si, si, il y a du bonheur ! Mais quand parfois on veut croire au sursis ou au miracle, le destin reprend quand même la main de certains qu’il semblait avoir épargnés et les tire à nouveau vers leur triste sort.

Cette BD rend hommage aux victimes du crash du 24 mars 2015. Par ces portraits partiels, elle nous fait également relativiser sur l’importance qu’on donne aux choses et nous fait réfléchir à la valeur de ce qui est véritablement précieux : la vie, la santé, le bonheur, l’amour et l’amitié…

Andreas Lubitz s’est octroyé le droit de mort sur ses passagers et sur ses collègues navigant, les entraînant dans son suicide. Les auteurs Lorenzo Coltellacci et Davide Aurilia usent eux au contraire du droit de vie et de bonheur qu’ils ont sur leurs personnages, célébrant le vivant dans cette touchante et dramatique histoire.

Par Sylvestre, le 12 avril 2024

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